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Affaire Nafissatou Diallo : Les Français veulent tourner la page DSK

© D.R

Les Français espèrent avoir tourné la page de l’affaire Dominique Strauss-Kahn après l’acte de contrition télévisé de l’ex-patron du FMI dimanche soir dont certaines déclarations suscitent pourtant un malaise, notamment au sein de sa famille politique. C’était sa première interview depuis le coup de tonnerre de son arrestation sous l’accusation de tentative de viol sur une femme de chambre dans un hôtel de New York le 14 mai et elle devait clore un chapitre douloureux pour l’homme, le Parti socialiste et la France. Dimanche soir, plus de 13 millions de Français ont regardé l’ancien favori des sondages pour la présidentielle de 2012, désormais débarrassé des charges pesant contre lui aux Etats-Unis, confesser en direct «une faute morale» en ayant eu une relation «non tarifée» avec Nafissatou Diallo. Un record d’audience depuis 2005. Si ses amis l’ont trouvé «grave» ou «poignant», la prestation, souvent jugée «mécanique» et «peu spontanée», a été diversement appréciée par la presse et ses camarades socialistes. Mais tous ont souhaité y voir marquer le mot «fin». «En éteignant son téléviseur hier soir, on avait une furieuse envie de passer à autre chose», résume le quotidien Libération (gauche). Plusieurs soulignent que dans ce fait divers devenu planétaire la France a été «un peu abîmée». «Je retiens l’envie de tourner la page» à la fois pour lui mais aussi pour «permettre aux Français de passer à autre chose, d’élever le débat politique», a commenté Ségolène Royal candidate à l’investiture socialiste pour la présidentielle du printemps prochain. «Pas convaincu», un autre prétendant à la primaire, Arnaud de Montebourg, a également souhaité que soit tournée «cette page qui n’a pas été seulement l’humiliation d’un homme comme il l’a dit (…) mais une humiliation collective et nationale». Pourtant, l’interview de DSK, qui a reconnu avoir «manqué son rendez-vous avec les Français» sans pour autant annoncer son retrait de la vie politique, a généré un certain malaise. Les uns regrettent un mea culpa à minima. S’il a reconnu une erreur, il ne s’est pas excusé comme il l’avait fait fin août devant ses anciens collaborateurs du Fonds monétaire international (FMI). «Pas un mot d’excuse aux millions de Français qui étaient prêts à lui faire confiance avant le 14 mai. Pas un mot vraiment chaleureux pour le parti dont il était décidé à devenir le candidat. Pas un mot pour le pays qu’il voulait représenter et auquel, de toutes façons, son comportement public n’a pas fait honneur», regrette le quotidien régional Les dernières nouvelles d’Alsace. D’autres évoquent le trouble jeté par M. Strauss-Kahn lorsqu’après avoir évoqué sa «légèreté», il n’exclut pas non plus la possibilité d’un «piège» ou d’un «complot» sans en apporter la moindre preuve. Ou bien sa manière de brandir le rapport du procureur américain auquel, selon les avocats de Nafissatou Diallo, il a fait «dire des choses qu’il ne dit pas». Tandis que des associations féministes dénoncent un «grand plan de communication» qui n’a pas levé les zones d’ombre et où «Mme Diallo n’a pas été épargnée», selon l’avocate Gisèle Halimi. C’est peut-être au Parti socialiste, en pleine campagne pour désigner son candidat à la présidentielle au cours de la primaire organisée les 9 et 16 octobre, que son interview génère le plus de gêne. Car s’il a assuré qu’il n’entendait pas faire de choix entre les candidats Dominique Strauss-Kahn n’en a pas moins confirmé qu’il avait bien conclu un «pacte» avec l’ex-patronne du PS Martine Aubry selon lequel le mieux placé des deux briguerait l’investiture socialiste. Manière de dire que, DSK hors course, Martine Aubry est surtout une candidate de substitution. Ce qui, en creux, peut être interprété comme un coup de pouce au nouveau favori François Hollande, qui la devance dans les sondages. «Evidemment, ça gêne fortement Martine Aubry», a commenté le député UMP (droite, au pouvoir) Bernard Debré.

  Deborah Pasmantier (AFP)

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