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La ville accapare les richesses des campagnes sans contrepartie

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La ville par sa puissance de consommation et de production, ses capitaux et son pouvoir, joue un rôle actif sur les campagnes comme facteur d’absorption, d’organisation, de contrôle et d’investissement. C’est ce qu’ont démontré les équipes de recherche «Sciences universités et sociétés d’Oujda» et le Centre de recherche sur l’interculturalité musulmane et chrétienne de Lyon  lors du colloque qu’ils ont animé lundi 12 décembre à la faculté des lettres de l’Université Mohammed Ier.
En somme, la ville exerce une attraction sur les campagnes et de ce fait une emprise sur celles-ci. Cela facilite l’émergence de plusieurs espaces de complémentarité ou de concurrence. «Les composantes structurelles des différents espaces, l’organisation de la société urbaine (métiers et professions, partis) et de la communauté rurale (tribu, organisation caïdale, chefferie tribale…), ajoutent à ces structurations d’autres dimensions qui demandent à être décortiquées et étudiées dans une démarche pluridisciplinaire», a précisé Noureddine Mouaden, doyen de la faculté des lettres d’Oujda dans une déclaration à ALM. Un tel intérêt a encouragé cette faculté à lancer un master de troisième cycle pour donner une impulsion à la recherche dans ce domaine et de faire démarrer une formation sur l’étude du rapport entre les villes et les campagnes du Royaume depuis le Moyen-Age jusqu’à l’époque contemporaine. Un master qui ambitionne de renforcer la coopération entre plusieurs universités marocaines et françaises. «Ceci dit, la campagne, par ses richesses nourricières, ses valeurs ancestrales, sa force démographique et ses vagues migratoires, assure son rôle de reproduction sociale de la ville», a précisé Tariq Madani, animateur de l’exposé sur les villes et les campagnes dans l’Occident musulman. L’intervenant a aussi insisté sur l’importance de revoir les modèles construits par certains Orientalistes qui voyaient dans la relation ville-campagne une relation parasitaire où la ville accapare les richesses des campagnes sans contrepartie. Or la complémentarité est manifeste pour d’autres chercheurs. Il fallait corriger cette vision despotique qu’exerçaient les villes sur les campagnes. L’étude des rapports villes-campagnes a été longtemps intégrée dans des problématiques globales du système théorique, social et économique dominant. Certains chercheurs transposaient le principe de lutte des classes aux relations citadins-paysans, d’autres y appliquaient la grille de la segmentarité, tandis que d’autres y voyaient l’antagonisme du naturel et du culturel. De son côté, Denis Menjot, de l’Université Lumières de Lyon2, a exposé les rapports campagnes-villes en Europe. Il a déclaré que les villes étaient indispensables pour le fonctionnement du système féodal et fonctionnaient en synergie avec les campagnes. Il a aussi souligné que le monde musulman médiéval n’est pas uniquement un monde urbain et que le monde chrétien n’est pas uniquement un monde rural. «Je suis aussi à Oujda pour renforcer la coopération entre Lyon et Oujda dans ce domaine de recherche entamé depuis plus de huit ans», a-t-il fait savoir.

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