Nous sommes le mardi 20 décembre. À 19h, il fait déjà nuit. Le staff médical des urgences de l’hôpital El Hassani, à Nador, est toujours prêt. A 19h10 mn, un homme, d’à peu près la soixantaine, rentre brusquement en tenant la main d’un adolescent blessé à la tête. La personne chargée de l’accueil remarque le sang qui coule de la tête de l’enfant. Il ne demande pas d’explication à l’homme. Pour lui, c’est peut-être son enfant. Il lui indique rapidement le chemin menant vers la salle de soins. Le médecin examine l’enfant, âgé de quatorze ans. Sa blessure nécessite quelques points de suture. Le médecin commence le travail. L’enfant est très calme, apparemment il n’éprouve aucune douleur. Il ne prononce même pas un petit «Aïe». Cette réaction inattendue n’échappe pas au médecin qui engage une petite conversation avec lui. Il lui demande s’il aime son père qui l’attend en dehors de la salle de soins. «Mais ce n’est pas mon père!», lui répond l’enfant qui semble anormal. Le médecin lui demande plus d’explications. Et la langue de l’adolescent se délie. Il raconte au médecin que cet homme qui l’attend est la cause de sa blessure. «Je l’ai rencontré à la gare routière», affirme-t-il au médecin qui l’écoute attentivement. À la gare routière de Nador, l’homme s’approche de l’adolescent et engage une conversation avec lui. L’adolescent ne se méfie pas de lui. Bref, ils se familiarisent. Tout d’un coup, l’homme tend une petite bouteille de jus à l’adolescent. Celui-ci le boit d’un trait, on dirait qu’il avait très soif. Le quinquagénaire le conduit vers un coin loin des regards des curieux. Et il s’apprête à abuser de lui. L’adolescent qui semble avoir commencé à perdre connaissance se tient debout et s’apprête à fuire. Malheureusement, une pierre le fait trébucher et tombe par terre. Du sang commence à couler de sa tête. Par crainte, le bonhomme le conduit, à bord d’un petit taxi, vers l’hôpital. A la fin de histoire racontée par l’adolescent, le médecin téléphone aux membres de la police judiciaire. L’homme est arrêté à l’intérieur de l’hôpital. Il s’agit d’Abdeslam, âgé de cinquante-six ans, menuisier de son état. Il avoue avoir mis un psychotrope dans le jus pour éviter toute résistance de l’adolescent. Il a déjà purgé deux peines d’emprisonnement pour le même motif, la pédophilie. Il sera présenté, aujourd’hui, devant le Parquet général près la Cour d’appel de Nador pour tentative d’attentat à la pudeur sur mineur.