G) G8 : L’école du changement

Que reste-t-il de l’Alliance pour la démocratie? s’interrogent non sans jubilation douteuse ceux qui veulent régler leurs comptes avec l’une ou l’autre des composantes de ce groupement. Début octobre dernier, l’annonce par le président du Rassemblement national des indépendants (RNI) de l’élargissement à 8 membres de l’entente qui liait son parti à celui de l’authenticité et de la modernité (PAM), au Mouvement populaire (MP) et à l’Union constitutionnelle (UC), avait soulevé un véritable tollé dans la classe politique. Beaucoup s’étaient demandés si en ratissant plus large, «les partis de l’administration», comme ils aiment à les appeler, n’étaient pas en train de dévoyer le processus de démocratisation souhaité par le peuple et désiré par le Roi. Cependant, ce qu’avait fait le RNI et ses alliés fera école avec l’exhumation de la Koutla et la constitution d’un groupement des partis du centre. Ce n’est pas le seul apport du G8 au champ politique au Maroc. Si ce groupement s’est effiloché aujourd’hui comme d’ailleurs l’ont été les autres alliances préélectorales- ce qui est normal de par leur nature de création ad hoc- il a néanmoins ouvert des horizons nouveaux à la pratique politique au Maroc. Et cet apport est si évident que les analystes qui s’interdisent les a priori en conviennent sans états d’âme. Pour la première fois au Maroc, on a établi que la volonté d’entreprendre ensemble pour un grand et noble objectif peut reléguer au second plan des considérations proprement partisanes. Auparavant cette volonté était souvent affirmée sans jamais crocher sur le réel. Le G8 a également marqué les annales en montrant qu’on pouvait se situer quasiment aux antipodes de l’éventail politique et cependant s’entendre pour élaborer un programme commun. Et à cet égard on ne peut pas nier que l’approche suivie pour former le 1er gouvernement de l’après-25 novembre s’inspire directement de cette vision quand il n’hésite pas à solliciter le concours des plus irréductibles de ses anciens détracteurs. Le G8 a également innové s’agissant de son programme. Pour la première fois une alliance de partis a proposé aux électeurs un programme qui procède d’une claire vision de la société à construire. Exhaustif, évolutif, il a été étayé par une série de chiffres-clés qui ont rendu la lecture facile. Taux de croissance, postes de travail à créer, déficits…