Editorial

Le gendarme est en colère

© D.R

Les Américains veulent en découdre, cette fois-ci pour de vrai, avec Saddam Hussein. Bush semble remonté. Il veut revivre l’épopée glorieuse de son père. Colin Powell est séduit par la perspective d’un retour à Bagdad, histoire d’achever le boulot.
À la guerre comme à la guerre. G. W. Bush, aujourd’hui, a les moyens matériels de son engagement militaire. Le budget est là. L’opinion publique américaine est bien préparée. Les soldats sont motivés. Le président américain surfe à fond sur la vague du 11 septembre. Mais pour autant la partie n’est pas gagnée.
Attaquer l’Irak, en assimilant cet acte à une action légitime contre le terrorisme international sera extrêmement difficile à «vendre» à l’opinion publique internationale, notamment arabe et musulmane. Ni la qualité à agir, ni les faits, ni la forme ne sont établis dans ce cas précis. Au meilleur des cas, cette nouvelle aventure sera perçue comme un terrorisme d’État, d’autant plus que sur ce registre l’alignement des Américains sur Israël est devenu d’une banalité affligeante. Et, dans le meilleur scénario, elle sera considérée comme une agression militaire injustifiée contre un État souverain dont les relations internationales, y compris économiques, sont bordées par l’ONU depuis la guerre du Golfe. La posture européenne face aux dernières gesticulations américaines contre l’Irak est intéressante à plusieurs titres. Que ce soit au sujet de la Palestine ou de l’Irak , le fossé est désormais profond entre les Américains et les Européens. Ces derniers ressentent une forme d’impuissance à peser sur le cours des évènements qui est dramatique. Malgré l’Euro, l’absence d’une véritable Europe politique, diplomatique et militaire diminue le poids du vieux continent dans la gestion des affaires du monde. D’autant plus qu’actuellement la posture « impériale » des Américains est devenue non seulement caricaturale mais dangereuse sur le plan militaire. Alors qui peut s’opposer à G.W. Bush dans son exaltation guerrière ? L’Europe ? Les Nations Unies ? la démocratie ? Les peuples? C’est l’absence de réponse, claire et crédible, à cette question qui génère, aujourd’hui, un grave malaise sur le plan international. L’unique gendarme du monde est en colère. Armé jusqu’aux dents, il passe à l’action où bon lui semble. Et il n’y a personne pour le ramener à la raison. C’est un fait très inquiétant dont on ne mesure pas encore toutes les conséquences.
Par contre, ce dont on est sûr, c’est que dans l’histoire des Etats-Unis d’Amérique on a rarement eu un exécutif si incompétent, si peu expert, et si contre productif. Washington semble avoir perdu sa capacité d’analyse, ses moyens d’expertise et sa propension à se projeter dans l’avenir alors que, paradoxalement, son interventionnisme militaire s’accroît. G.W. Bush dans sa fuite en avant guerrière incarne parfaitement cette Amérique indigente sur le plan intellectuel, incapable de contribuer à l’avènement d’un monde meilleur, notamment en Palestine, et aventurière sur le plan militaire, donnant d’elle même une image d’une nation fébrile, manquant d’assurance et peu disponible à assumer les vrais devoirs que lui confère sa puissance.

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