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Le sorcier rouge de Ferrari

© D.R

A regarder Jean Todt, un seul détail frappe, des yeux petits mais pétillants de malice, qui renseignent sur la vitalité dont il fait quotidiennement preuve. Le patron de l’écurie la plus titrée de la Formule 1 est un bosseur effréné ! Exigeant envers les autres comme envers lui-même, Jean Todt se définit surtout comme chef d’un orchestre de neuf cents musiciens. «La force de Ferrari, ce sont ses hommes», déclare-t-il à plusieurs reprises. Doué d’une intelligence essentiellement logique et d’une mémoire d’ordinateur fondée sur l’observation, il fait montre d’une grande sensibilité que masquent parfois ses décisions rigoureuses.
Conjuguant en une savante alchimie le pragmatisme auvergnat à la passion latine, il offrira à la Scuderia plusieurs titres mondiaux de constructeurs et de pilotes. Très respecté dans le microcosme de la formule 1, il en est devenu aujourd’hui, l’un des plus talentueux ambassadeurs. Celui que l’on appelle parfois le «Petit Napoléon» est le fils d’un médecin de campagne, né le 25 février 1946. Amoureux des moteurs et circuits automobiles, Jean Todt commence une carrière de copilote en 1966 avec un certain Guy Chasseuil. Après quelques essais de pilotage infructueux, il se spécialise dans la navigation avec tous les grands noms de l’époque, et ses talents de calculateur ultra-rapide ne tardent pas à en faire le copilote le plus demandé. Mais son ambition n’avait pas de limites. Nommé au poste de responsable du service compétition Peugeot, il abandonne définitivement la navigation en octobre 1981 à la fin du Rallye de San Remo. Maître d’oeuvre du lancement et du triomphe des Peugeot 205 T16 en rallye, puis des 405 T16 en raids et enfin des 905 sur circuit, Jean Todt n’avait plus rien à prouver au sein du constructeur de Sochaux, excepté la Formule 1. Face aux hésitations financières de sa direction générale, laquelle refuse d’accorder le budget nécessaire à la construction d’une Formule 1 complète, Jean Todt cède à l’appel de Ferrari. C’était en juillet 1993. Une nouvelle page de la vie de cet homme est désormais ouverte. Ses débuts avec la Scuderia se font chez lui, lors du Grand Prix de France. La saga Ferrari-Todt va alors connaître une multitude de sacres, de triomphes. Il s’en suivra une mainmise totale sur le championnat du monde, remporté six années de suite par son pilote, l’Allemand Michael Schumacher. La marque du cheval cabré s’est également érigée en numéro un incontesté du classement des constructeurs.
Du jamais vu dans l’histoire de la Formule 1 ! Les raisons de ce succès : une gestion de maître, comme il le laisse entendre : «Aujourd’hui dans cette société, il y a des personnes exceptionnelles à tous les niveaux décisionnels». Comment arrive-t-il à créer cette synergie de travail ? «J’ai des gens formidables autour de moi, mais j’essaie d’être leur pompier, leur médecin de garde. Je dois être à l’écoute de tout et informer de ce qui a lieu d’être fait pour apporter une solution». Les relations humaines sont donc les clés de cette réussite. Avec «Schumi» notamment. «Michael a été là quand il le fallait, comme un écho important, en confirmant le bien-fondé des choix que j’avais faits chez Ferrari au moment où, une fois de plus, on cherchait les «coupables». Lui savait qu’il fallait poursuivre dans cette voie et surtout ne pas changer. Il m’a soutenu dans mon travail et moi, j’ai été là quand il a été touché». L’allusion est faite à l’accident que l’Allemand a eu en 1999, lors du Grand Prix de Grande-Bretagne. Depuis le 1er juin dernier, il est aussi devenu le directeur général du Groupe Ferrari. «J’ai été le responsable d’un département et aujourd’hui me voilà directeur de la société», a-t-il commenté. Et d’ajouter : «J’ai plus de responsabilités mais cela se passe bien.
Nous produisons près de 4500 voitures par an et ce sont les plus belles du monde». Mais il n’est pas à dormir sur ses lauriers. «Tout va parfaitement bien, mais cela ne veut pas dire que, nous nous ne ferons pas le maximum afin que les choses aillent encore mieux. Je pense qu’il y a encore des perspectives à explorer pour la marque Ferrari». La nouvelle trouvaille de Todt est la création du département «Direzione Brand Management & Partners» qui s’occupera des sponsors, de la vente des licences et du merchandising. «Cela signifie surtout que la gestion sportive pourra se concentrer exclusivement sur la F1». Un rêve qui devient réalité.
Comblé par sa vie professionnelle, Jean Todt n’a plus rien à prouver. Aucun directeur sportif n’a un tel palmarès. La démission (anticipée) de Max Mosley, actuel président de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), qui prendra effet en octobre prochain, pourrait lui ouvrir grandes ouvertes les portes de cette instance qui fait la pluie et le beau temps en Formule 1. Mais ce poste ne l’intéresse pas. «Je suis directeur général chez Ferrari, je suis le patron de l’équipe de Formule 1, et j’ai signé un contrat jusqu’à la fin 2006. Je suis très bien payé pour ce que je fais et en plus, je travaille avec des gens que j’aime.
Franchement, dites-moi pourquoi quitterais-je tout cela ?». Tout ce qui l’intéresse pour le moment est un projet de recherche médicale «sur le cerveau et la moelle épinière». Comme quoi, celui qui a vécu onze ans dans un milieu à prédominance rouge, peut aussi voir la vie en rose.

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