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Crimes au quotidien

© D.R

Survenu samedi 28 août, l’accident de la route qui a eu lieu près d’Imintanout et qui a fait 29 morts, repose la question quant à l’état de sécurité routière dans notre pays. Un responsable du ministère de Transports et de l’équipement nous résume bien la situation. «Ce ne sont pas des voitures que je vois quand je roule, mais des tombeaux ambulants », précise—il, s’empressant aussitôt de débiter le chapelet de mesures souvent annoncées en matière de Transport mais rarement appliquées. Un sentiment que d’aucuns partagent, sans pour autant qu’il y ait une véritable conscience quant au danger quotidien que courent tous les Marocains à bord d’un véhicule. Les statistiques sont alarmantes. Au Maroc, une moyenne de 10 morts par jour est enregistrée à cause des accidents de la route.
C’est dire que les dégâts humains enregistrés chaque trois jours équivalent à un drame comme celui survenu sur la route de Marrakech. D’autant que le nombre de morts et de blessés graves augmente chaque année de 4%. Si la guerre civile en Irlande s’est soldée par 3.000 morts, en l’espace de 20 ans, ce sont quelques 4.000 marocains qui laissent la vie, chaque année, dans ce véritable carnage que se livrent les automobilistes. Entamé depuis quelques mois, un plan d’action mis en place par le gouvernement s’est fixé comme objectif de limiter le nombre d’accidents graves et, ensuite, réduire le nombre de morts et de blessés graves. « Une action concrète avec un impact direct sur ce véritable phénomène », nous assure un autre cadre depuis son confortable fauteuil du ministère des Transports et de l’équipement. Nul doute, ce n’est pas ainsi qu’on verra de sitôt les résultats palpables sur le terrain.
Ces mesures visent, d’abord, l’organisation. Auparavant, les parties concernées par la sécurité routière, à savoir le ministère des Transports et de l’équipement, les services de la police et de la gendarmerie, les ministères de la Justice et de la Santé travaillaient chacune de son côté. «Depuis quelque temps, nous avons procédé, par décret, à une organisation à la fois nationale et régionale de nos actions. Même si le décret en question attend de passer en Conseil des ministres, il est déjà en application», affirme Quddour Belich, responsable de la sécurité routière au sein du ministère. D’autres textes attendent également leur passage au Parlement. Mais, parmi eux, certains sont en cours d’application. Ils concernent essentiellement le dispositif de sécurité visant les poids lourds, à savoir les autocars et les camions. Il s’agit notamment de l’obligation par ce type de véhicules d’être équipé de limiteurs de vitesse, de freins ABS et de pneus tubeless. En ce qui concerne les véhicules légers, le port de la ceinture de sécurité sera obligatoire en ville pour le conducteur et le passager avant. A l’extérieur de la ville, la ceinture de sécurité est obligatoire pour tous les passagers. Si des mesures sont adoptées, d’autres seront révisées, comme celles concernant les panneaux de signalisation. La limitation de la vitesse à 40Km/heure sur l’entrée des villes qui, en plus de ne pas être respectée, présente en elle-même des risques, sera revue à la hausse, à 60km/h, avec une limite effective fixée à 65km/h. Au niveau du contrôle, une centralisation des services de police, de la gendarmerie et du ministère des Transports. «Partant de la base des données dont disposent ces services, nous avons, dans ce sens, procédé à l’analyse des causes des accidents, suivant les zones où tel ou tel facteur (infrastructures, excès de vitesse…) est le plus en cause, et nous avons redoublé nos efforts, de contrôle notamment », ajoute le responsable précité.
Un programme qui fait l’objet de réunions trimestrielles de suivi et d’évaluation. Toujours en matière de contrôle, les 180 centres de visite technique que compte le pays ont désormais un nouveau cahier des charges à faire respecter et qui comprend trois niveaux : l’état technique du véhicule, la traçabilité de cet état et la formation des conducteurs. Une formation axée par ailleurs sur la mise à niveau de la procédure d’obtention du permis de conduire, qui comprend une formation théorique et pratique, à tout cela pour aboutir la notion de chauffeur professionnel.
Toujours en matière de contrôle, il serait utile de rappeler que, depuis mai dernier, quelque 400 autocars, représentant 15% du parc national ont été mis à la fourrière. Les contrôles se font désormais, au point de départ, aux gares de passage et sur la route. Ceci pour contrôler deux éléments, l’état mécanique du véhicule et le problème du surnombre. Idem pour les camions, où la surcharge remplace le surnombre. En cas d’accident, non seulement le chauffeur et le propriétaire sont mis en cause, mais aussi tous les responsables qui avaient la tâche de contrôler le véhicule. Pour ce qui est des sanctions, les deux derniers accidents de la route qui ont choqué l’Opinion publique sont actuellement aux mains de juges d’instruction, désignés pour enquêter sur les causes de ces accidents et définir les responsables. Ces accidents étant considérés comme des délits, sanctionnés par la loi. «Toutes ses opérations sont et seront gérées par de nouvelles équipes, composées de nouvelles recrues, avec de nouvelles approches», nous assure-t-on. Pour ce qui est des secours, la coordination entre les services de la protection civile et ceux du ministère de la Santé a été renforcée.
La délimitation géographique a cédé le pas à la priorité. Désormais, le blessé ne doit plus être transporté au centre hospitalier le plus près, mais le plus habilité à traiter son cas. La création d’un seul numéro d’appel et une mise à niveau des ambulances est, dans ce sens, en cours de préparation. Mais la véritable mise à niveau à opérer reste, toujours, celle des mentalités. Une véritable éducation, quant aux règles de «bonne conduite», est à programmer.

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