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Sogatour se distingue

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ALM :Depuis plus d’un an, on remarque de plus en plus ce sigle «SOGATOUR», qu’est-ce au juste?
Samir Kheldouni Sahraoui : Sogatour est l’abréviation de Société générale d’Aménagement Touristique . Nous sommes une filiale du Groupe CDG, créée en 1977, initialement pour accompagner la politique d’aménagement touristique de la Caisse , d’où notre sigle « SOGATOUR ». Au fil des années, la vocation de l’entreprise s’est recentrée sur la gestion du patrimoine hôtelier du Groupe CDG.
Quel est votre périmètre d’activité?
Le périmètre d’activité de Sogatour, concerne principalement huit hôtels, totalisant près de 2200 lits, dont deux 5*, et il s’agit de : L’hôtel N’Fis à Marrakech, opérant sous enseigne Méridien, le Resort du Royal Golf El Jadida, opérant sous enseigne Sofitel, le Jnan Palace , l’hôtel Moulay Yacoub, l’hôtel Sidi Harazem, tous trois situé à Fés, l’hôtel Ouzoud à Béni Mellal, l’hôtel Le Zat à Ouarzazate et enfin, l’hôtel Le Rif à Nador. Ces six derniers établissements sont sous enseigne Sogatour. Par ailleurs, Sogatour constitue l’interface de la Caisse de Dépôt et de Gestion auprès des groupes «Transat – Look Voyages» pour la gestion du Club Issil à Marrakech, et le Club Méditerranée pour la gestion des hôtels Manar et Riad placés sous enseigne «Club Med – Smir».
Pouvez-vous nous rappeler brièvement les résultats 2003 de Sogatour ?
Tout d’abord en termes de chiffre d’affaires, nous avons réussi, bien que le trend du secteur soit globalement à la baisse, à maintenir notre chiffre d’affaires au niveau de 2002, soit autour de 130 millions de dirhams, compte non tenu des hôtels Club Méd et Issil confiés en gérance libre. Nous avons en revanche amélioré les résultats consolidés des hôtels que nous gérons de 405 %, passant de –2,6 MDH en 2002 à +7,8 MDH en 2003. De la même manière, notre résultat net au 31.12.2003 après impôt s’ est élevé à –2,5 MDH, contre un déficit qui s’était élevé en 2002 à –25,3 MDH, ce qui nous a permis d’enregistrer une amélioration de plus de 90% de notre résultat net .
Pensez-vous, comme certains professionnels que le marché national est un marché de substitution ?
Pas du tout, et loin s’en faut. Notre démarche est une démarche volontariste qui s’inscrit sur le moyen et long termes. D’ailleurs, je milite afin que ce principe d’encouragement et de promotion du tourisme national s’étende à l’industrie touristique marocaine en général, car je suis ardemment convaincu que le tourisme national constitue le gisement par excellence qui permettra, en partie, à l’industrie marocaine du tourisme d’atteindre ses objectifs.
Les marocains ont-ils un pouvoir d’achat suffisant pour constituer le levier dont vous parlez ?
Ecoutez , je pense en tout cas que le marché national est très largement sous-estimé, et je pense surtout que nous n’avons pas réellement procédé aux études de segmentation nécessaires pour mieux comprendre les attentes de ce marché. Il faut savoir que le Maroc dispose d’un vivier composé d’environ un million de personnes qui vivent à des standards dits A+, A, B et B- , soit des standards de catégories socioprofessionnelles européennes extrêmement élevées.
Le marché national cumule 50% de votre activité. Quelle est votre stratégie d’approche ou, pour reprendre un terme en vogue, votre plan marketing ?
Vous savez, le mot marketing est un bien grand mot. En fait, nos grands parents qui commerçaient à Fès, à Marrakech ou à Casablanca ont été de grands maîtres du marketing tout simplement en faisant appel à leur bon sens, et en rendant disponibles sur le marché, des produits qui correspondaient aux attentes de la population, qu’il s’agisse de denrées alimentaires, d’habillement ou autres. Pour ce qui est du loisir, nos anciens avaient inventé le plus fin des concepts de villégiature : «Nzaha» et les Moussems. A partir de là, «la feuille de route» du tourisme national est toute tracée. Nos compatriotes ont besoins de vivre leur temps libre, à l’instar de leurs anciens, avec plus de confort certes, mais avec les mêmes fondamentaux, villégiature et sens de la fête. La clientèle marocaine est exigeante et a des besoins spécifiques en matière de voyage . Les marocains voyagent en famille, souvent nombreuse, et sont extrêmement attentifs à l’accueil, aux prestations et au confort, et ce quelque-soit le type d’hébergement choisi. Ils sont, bien entendu, attentifs au prix, et au rapport qualité-prix.
Quel est le profil de vos directeurs d’hôtels et de votre personnel d’encadrement ?
Je vais peut être vous surprendre, mais 90 % du personnel qui constitue aujourd’hui l’essentiel de mes collaborateurs, sont issus de formation financière ou commerciale. A titre d’exemple, l’ISCAE est un excellent vivier de compétences pour Sogatour. Nous avons également un bon nombre de lauréats de l’ISIT de Tanger.
Croyez-vous que les évènements du 11 mars à Madrid risquent d’avoir des répercussions sur le tourisme au Maroc en 2004 ?
Encore une fois, le 11 mars n’est autre qu’une nouvelle réplique du 11 Septembre 2001. Et il y en aura d’autres. Le 11 mars aura donc forcément des conséquences sur notre tourisme, mais elles seront moins importantes que celles que nous avons eu à subir jusqu’à présent, et ceci pour une raison simple ; c’est que le touriste international est progressivement en phase d’intégrer le risque «évènement exceptionnel» au même titre qu’il a incorporé, il y a 50 ans, le risque «Accident d’avion», lorsque l’aviation en était à ses balbutiements.
Vous restez donc confiant pour ce qui est de la vision 2010 Tourisme…
Et bien je l’ai dit et je le répète encore: je pense que l’objectif «0 millions de touristes» est un excellent mot d’ordre et un grand «leitmotiv» mobilisateur, mais la stratégie en interne devrait, à mon sens, changer le fusil d’épaule en visant plus la recette en devises que le nombre de touristes .
En d’autres termes, sachant que nous réalisons grossièrement 2 milliards de dollars de recettes par an actuellement, il s’agit de définir et d’adopter une stratégie à même de nous permettre d’atteindre 5 milliards de dollars au lieu des 2 milliards que nous réalisons actuellement. Le maintien de nos prix à un niveau de destination moyen –haut de gamme est donc une nécessité.
Pourquoi insistez vous sur le moyen-haut de gamme ?
Moyen–haut de gamme n’est pas élitiste. Je songe à une clientèle disposant d’un pouvoir d’achat suffisant, à même de lui permettre de découvrir et de consommer . Une clientèle prête à dépenser pour jouir d’un moment de différence et de plaisir. En d’autres termes, peut être un peu plus crus, assez de ces clients qui récupèrent les bouteilles d’eau minérales dans les restaurants pour les monter dans leur chambres, ou encore ceux qui récupèrent les restes du petit déjeuner buffet pour ne revenir à table que le soir. Je saisis enfin l’opportunité qui m’est donnée ici pour réitérer mes inquiétudes à l’observation du comportement actuel du marché et la braderie pratiquée par quelques hôtels 5 et 4 étoiles vis-à-vis de certains grossistes qui n’ont d’autre objectif que de vendre au plus bas prix.Ceci risque à court terme de nuire de façon profonde et durable à l’industrie, du fait que le dumping appelle le dumping, et au final, le secteur peut se retrouver otage d’une spirale déflationniste extrêmement difficile à redresser.
Mais avec la mobilisation de tous, je suis confiant que nous n’en n’arriverons jamais là !

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