En procédant à la lecture de cet article, il en ressort une profonde analyse de la problématique de ce concept mal vécu dans notre pays. Toutefois, il s’avère indispensable de faire la part des choses. Le time-share est un produit qui a fait ses preuves dans le monde, il s’est imposé avec ses 12 millions d’adhérents en quelques années à travers plus de 80 pays. Il présente le double agrément d’une prise en charge séduisante et d’un hébergement dans une résidence touristique de qualité.
Il est également assorti de la clé essentielle, source de son succès, que constitue la faculté d’échanges au plan mondial avec d’autres résidences ou complexes touristiques. Ces «résidences en temps partagé» représentent dans le monde plus de 325 000 appartements de toutes catégories et de toutes tailles, soit un total de plus de 10 700 000 semaines en temps partagé. Le chiffre d’affaires de vente d’appartements en temps partagé en 2003 a représenté plus de 9,4 milliards de dollars, plus de 6,7 millions de foyers sont détenteurs de temps partagé.
Ces dix dernières années, le temps partagé n’a cessé de voir sa part de marché augmentée. C’est aujourd’hui, le secteur du tourisme et des voyages qui a enregistré une progression moyenne entre 1990 et 2003 de 8,2 % et prévoit 9 % sur les dix prochaines années, soit deux fois supérieure à celle de l’industrie touristique en général. A titre d’exemple, les Iles Canaries, qui sont en fait un caillou volcanique sans plage sablonneuse ni arrière pays, ont accueilli 13 millions de touristes en 2001 constitués en majorité par des familles adhérentes à l’une des Bourses d’échanges.
C’est un produit qui a prouvé son indépendance de tout phénomène exogène comme cela a été confirmé lors de la guerre du Golfe ou à la suite des attentats du 11 septembre.
La crise du secteur touristique qui a suivi ces conflits, avec toutes les retombées sociales et financières, avec les licenciements de personnel et faillites dans les divers secteurs liés à l’activité touristique classique, allant même jusqu’à la fermeture d’établissements hôteliers et de transports touristiques, n’a pas concerné notre tourisme. Les résidences, actuellement opérationnelles sur notre territoire, ont enregistré pour l’exercice précédant un taux d’occupation moyen annuel de 71 %. Ces chiffres peuvent paraître invraisemblables mais la qualité et la particularité de ces résidences font d’elles un produit très prisé.
En effet, l’intégration d’une résidence dans le système est conditionnée par le respect de critères bien précis et l’application d’un cahier des charges sévères établis par la Bourse d’échange.
Des contrôles permanents sont effectués afin de préserver les normes internationales de qualité et de standing. Bien sûr, vu sous cet angle, tout paraît parfait. Cependant, comme toute industrie embryonnaire, nous avons vécu entre 1999 et 2002 un déferlement de malfaiteurs, la main sur la mallette, attirés uniquement par l’appât du gain. Pendant ces années, une anarchie totale a régné sur cette industrie.
C’est à ce moment là qu’un ensemble de professionnels soucieux de la réputation de leur activité se sont réunis à Casablanca en date du 26 mars 2002, afin de procéder à la création d’une association professionnelle ayant pour objectif principal, en collaboration avec le département du Tourisme et les autorités locales concernées, d’assainir la profession et d’essayer de remédier à tous les comportements et agissements qui nuisent à l’image de marque de notre pays.
Depuis cette date, nous n’avons cessé d’accroître nos efforts en vue de sensibiliser l’ensemble des intervenants de cette industrie.
Plusieurs réunions se sont tenues, soit en interne, soit dans les bureaux du département du Tourisme, afin de mettre en place une structure adéquate et propice au développement et à l’assainissement de cette activité.
Suite à la déclaration officielle de monsieur le ministre du Tourisme, relative au lancement de la préparation d’un projet de loi sur les résidences touristiques, une décision ministérielle a vu le jour en date du 7 décembre 2003 ayant pour objet la création d’un comité de pilotage et d’un comité de suivi dont nous faisons partie, chargés de:
1. l’élaboration d’un plan stratégique pour le développement de l’immobilier locatif à vocation touristique,
2. la définition d’un cadre juridique et fiscal incitatif réglementant ce mode d’hébergement,
3. la contribution à la concrétisation de la «vision 2010» suite à la loi 6100 qui inclut cette forme d’hébergement. Le chantier est donc ouvert, il prendra le temps nécessaire avant de voir le jour. En attendant, les dérapages continuent.
Depuis sa création, notre association n’a cessé de dénoncer les agissements illicites et inconvenants. Nous avons tout essayé pour amener certains professionnels à respecter la déontologie de notre secteur. Ces derniers refusent même de faire partie de notre association.
Un courrier a été adressé en date du 4 mars 2004 au département du Tourisme signalant la gravité de la situation.
Cette attente risque en effet de mettre en péril toute une industrie, tout simplement parce que nous refusons de voir la réalité en face et d’amener les décideurs à traiter les problèmes à leur source.
Si aujourd’hui, certains professionnels mal Intentionnés continuent à sévir, il faut savoir que d’autres ont eu le courage de promouvoir cette activité et de participer sainement à la réalisation des objectifs prévus par l’accord d’application de l’accord cadre sur le tourisme (objectif 2010), avec le souci du sérieux et du développement «durable et orthodoxe» de cette industrie.
Il est vrai que notre activité enregistre des plaintes mais il est à signaler que, compte tenu le volume des transactions effectuées soit plus de 260 appartements de toutes catégories ce qui fait un total de 13 520 semaines en temps partagé au Maroc, cela ne représente que 0,39 % d’insatisfaits.
A signaler que 53 plaintes est un chiffre brut qui, après traitement, sera réduit d’au moins 50 %.
J’aurais espéré que ce taux «d’insatisfaction» soit du même niveau pour toute la filière touristique.
Pour conclure, je tiens à vous préciser que notre association présentera dans les jours qui suivent au département du Tourisme pour validation, en attendant l’élaboration d’une loi définitive, un code de déontologie visant à cadrer d’une manière globale l’exercice de cette activité.
J’ose espérer que cette mise au point pourra faire l’objet d’une parution dans votre prochaine édition, afin de permettre une meilleure compréhension d’une industrie qui mérite d’être encouragée sans amalgame réducteur ni généralisation trompeuse.
Toutefois, si vous souhaitez débattre plus amplement sur le sujet, je me tiens à votre entière disposition et ce, à votre convenance, soit en recevant votre représentant au siège de notre association, soit en vous rendant visite dans vos bureaux.
Par Mourad Belkamel
Président de l’AMIPST