Il ne suffit pas de construire un hôtel pour garantir sa viabilité aux yeux des touristes. Le plus important est d’assurer l’entretien permanent de l’établissement de telle sorte qu’il soit constamment à la hauteur des attentes des clients.
Considérée comme l’une des plaies du pays, la défaillance de la rénovation concerne nombre de secteurs y compris l’hôtellerie qui demeure de ce fait en décalage par rapport aux normes en la matière. Certaines villes offrent des hôtels complètement délabrés et la palme en revient de loin à Tanger. Ici, l’infrastructure hôtelière dans sa majorité, à en juger par son état, n’a pas subi depuis leur construction d’entretien régulier qui permet à un établissement de maintenir son standing. Bien au contraire. Chambres sentant le renfermé, robinetterie défaillante et rouillée, peintures écaillées, personnel démobilisé… La plupart des promoteurs touristiques de la Mariée du Nord ont, au fil des années, négligé jusqu’à la propreté de leurs hôtels. Ce n’est pas la peine de donner des noms, les intéressés se reconnaissent.
Cette situation de délabrement est complètement à rebrousse-poil de la renommée internationale de la ville et de son Histoire prestigieuse. Une cité de l’envergure de Tanger mérite largement mieux, elle doit normalement être jalouse de son image et de sa résonance dans l’imaginaire, une ville qui fait rêver et où la lumière et l’ambiance sont si particulières. Ce n’est pas normal que les hôtels de Tanger continuent à être détériorés alors qu’il existe un fonds du nom de Renovotel dédié à la rénovation des unités hôtelières nationales. Pour une raison ou une autre, pas un seul hôtel de la capitale du Nord n’a bénéficié de ce programme.
En fait, Tanger a besoin d’urgence non seulement d’une mise à niveau complète de son patrimoine hôtelier dont certains sont des joyaux chargés d’Histoire mais cet effort doit pouvoir être accompagné d’une réhabilitation générale des différents espaces de la ville. Cela fait longtemps que Tanger n’est plus identifiée comme une destination touristique, notamment depuis que les touristes anglais l’ont désertée. Rien n’a été fait dès lors pour que la ville retrouve son lustre d’antan de telle sorte qu’elle réintègre sa place dans la dynamique nationale.
La renaissance de la ville d’Ibn Battouta passe surtout par l’idée que les responsables locaux et nationaux ont de son avenir. Le mythe Tanger peut être ressuscité pour peu que l’on songe dans un élan d’imagination et d’innovation à mettre à contribution son passé historique riche pour la doter de nouvelles activités touristiques ou liées au secteur des voyages. Ceci suppose au préalable un travail sérieux sur l’image de la Mariée du Nord qui a acquis la mauvaise réputation de centre de tous les trafics. Un travail qui signifierait que les acteurs locaux, professionnels du tourisme et élite locale en partenariat avec l’administration centrale, ont décidé dans un sursaut salutaire de se réapproprier le destin d’une ville qui mérite sincèrement mieux que son sort actuel fait de laisser-aller et de démission.