Culture

Rencontre : Scénographes, ces oubliés

© D.R

Rafika Benmaimoun : Quel est votre sentiment suite à votre consécration à la septième édition du festival national du théâtre de Meknès ?
ALM :
Le prix qui m’a été décerné pour le meilleur costume a un goût amer. J’ai beaucoup hésité avant d’accepter ce prix, j’étais sur le point de le rendre aux membres du jury. Les costumes de la pièce «Bnat Lalla Mnana » pour lesquels j’ai été primée n’étaient pas les meilleurs que j’ai réalisés. En plus de cela, le jury semble avoir négligé plusieurs aspects de la pièce. Sur le plan scénographique, les costumes ne représentent pas le meilleur élément dans la pièce. Bnat Lalla Mnana méritait d’être consacrée autrement et non pas en me décernant le prix de meilleure costumière.

Vous jugez donc que cette consécration n’a pas été à la hauteur des aspirations des acteurs de la pièce « Bnat Lalla Mnana » ?
C’est exact. Comme je l’ai déclaré, les membres du jury n’ont pas fait attention à d’autres aspects de la pièce qui méritaient eux, d’être encouragés. On peut citer notamment l’énergie qui a été dépensée par les comédiennes ainsi que l’effort qu’elles ont déployé.
Pour sa première production, la pièce Takkoon, a pu avec les moyens de bord réaliser une pièce qui est tout de même le fruit de plusieurs efforts. C’est pour cette même raison que je trouve personnellement que les costumes ne représentaient pas l’élément scénique et théâtral qu’il fallait récompenser. Il y a eu donc une négligence envers certains éléments artistiques qui étaient à mon avis plus réussi que les costumes. Si le jury tenait à décerner ce prix du meilleur costume, il devait à côté livrer un autre prix.

Vous êtes une lauréate de l’ISADAC et, durant votre formation, vous avez opté pour la scénographie. Est-ce qu’en aucun moment vous n’avez eu un coup de cœur pour l’interprétation ?
Je n’ai pas opté pour l’interprétation tout simplement car, dans ma nature, je n’aime pas m’aventurer dans un domaine que je ne maîtrise pas. Aussi lorsque je réalise un travail il faut que je puisse le réussir à la perfection. Mais il faut d’abord que je possède des affinités avec ce domaine. A l’instar de mes professeurs de l’ISADAC j’ai tout de suite senti que j’étais beaucoup plus apte à faire de la scénographie plutôt que de l’interprétation. Lorsque mes professeurs ont aperçu que j’adorais dessiner, ils m’ont orientée vers la scénographie.

Quel regard portez-vous sur la place de la scénographie dans l’univers artistique marocain ?
En fait, dans l’absolu, le métier de scénographe n’a pas vraiment de relation avec la réalité marocaine.
La scénographie regroupe en fait plusieurs petits métiers. Ce n’est pas uniquement les costumes et l’habillement qui sont concernés mais il y a tout un ensemble d’élèments qui s’inscrivent dans la scénographie. On peut aussi citer par exemple l’éclairage et le décor.
Au Maroc pour réussir une belle scénographie, il faudrait que les accessoires et les matériaux utilisés soient adaptés à la réalité de notre pays. En outre, qui dit scénographie dit théâtre. Or, nous remarquons qu’au Maroc on ne valorise pas réellement le rôle du scénographe. D’ailleurs les vrais scénographes se comptent sur le bout des doigts.
Nous possédons plutôt des techniciens de décors et non pas des scénographes. En plus de tout cela ce métier de scénographe souffre au Maroc d’une lourde mentalité. Ceci est dû au fait que tout projet artistique est considéré comme un marché, il n’est donc pas apprécié à sa juste valeur.

Après avoir décroché votre diplôme en 1993, comment avez-vous débuté votre carrière professionnelle ?
J’ai commencé ma carrière de scénographe dans le cinéma. J’ai, en effet, travaillé en tant que costumière dans le film Mektoub de Nabil Ayouch.
Grâce à ce film j’ai été nominée pour la première fois lors du festival panafricain en Afrique du Sud en 1998. J’ai été primée pour la meilleure direction artistique. J’ai travaillé également avec Hassan Legzouli dans le film : « Quand le soleil fait tomber les moineaux.

Pourquoi avez- vous donc arrêté de travailler dans le cinéma ?
En fait, à un certain moment je me suis rendue compte que les réalisateurs n’ont pas besoin de costumière. Les films que nous faisons au Maroc répondent rarement à des critères historiques, c’est pour cela qu’il n’est presque pas nécessaire de réaliser des costumes spéciaux. Les personnages au cinéma nécessitent rarement le recours à une création stylistique au niveau des costumes. C’est pour cela que  les réalisateurs ont plutôt besoin de quelqu’un qui va s’occuper de l’achat des jeans et autres vêtements déjà prêts.

Quels sont vos projets artistiques dans le futur proche ?
Avec les autres membres de la troupe Takkoon, qui sont entre autres Samia Akariou, Nora Skally et Saida Ladib, nous préparons une tournée en Europe pour promouvoir la pièce Bnat Lalla Mnana. Cette tournée devrait commencer en décembre. On est à présent à la recherche du financement.

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