La raison derrière ce « choix » est tout à fait simple : le succès incontesté de ces festivals. Gnaouas et Musiques du monde, entre autres grands festivals, se trouve à chaque fois sous les tirs nourris de la meute intégriste. Qu’est-ce qui dérangerait alors dans ce festival ?
Contrairement à ce que veulent faire croire les intégristes, ce n’est surtout pas cette « débauche» que «Gnaouas et musiques du Monde» est accusé de propager au sein des milliers de festivaliers, ni les dérivés de cette débauche: harcèlement sexuel, alcoolisme, drogue, et tout. Ce n’est pas non plus parce que ce festival, jugé d’ « inspiration occidentale », inculque des valeurs contraires à nos valeurs morales, à notre « identité » et à nos « spécificités culturelles ».
Ce qui ne plairait pas dans ce festival, c’est qu’il a montré une redoutable capacité de rassemblement populaire. La ruée que connaît, à chaque édition, ce festival, n’est sans doute pas pour rassurer les islamistes intégristes qui croient, à tort bien sûr, qu’ils sont les seuls à pouvoir drainer les grandes foules. Remarquez que l’enjeu est ici d’ordre politicien, surtout politicien. Quand à cela, il faut ajouter que les valeurs qu’un festival est censé inculquer au sein des jeunes, à savoir la liberté, le sens de la fête, de la tolérance et du partage, vous comprendrez que ces valeurs ne cadrent pas non plus avec la vision que les intégristes ont de la vie.
En lieu et place de la liberté, valeur vitale et cruciale à toutes les démocraties, ils prêchent le culte de l’obéissance et de l’humilité. La fête ne correspond pas non plus à l’idiosyncrasie intégriste, qui se réduit à sa stricte expression macabre, d’où le mépris de la vie au profit de l’au-delà. Le festival, qui se veut manifestation de la vie par excellence, traduite par le désir de chant, de danse, s’inscrit ainsi en porte-à-faux avec une perception selon laquelle le bonheur est posthume.
La tolérance, que les festivals inculquent, et qui se manifeste à travers la convivialité et l’esprit de partage dans lequel ces événements se déroulent, vient également contrecarrer une certaine vision rétrograde qui rejette toute forme de rencontres, avec ce que cela implique en termes de mixité, entre hommes et femmes, ou avec des gens d’une autre confession.
L’accueil exubérant que les Marocains ont réservé aux festivals, l’enthousiasme avec lequel ils les ont reçus, et la grande joie populaire que ces manifestations ont suscitée ont donné bien des soucis aux avocats d’une époque révolue. Face à la posture négative de ces forces obscures, il appartient à toutes les composantes de la société marocaine de réagir. Et la meilleure réaction que l’on puisse témoigner, est de continuer à se rendre en masse, et dans la ferveur, aux festivals.
Par cette réaction positive, les Marocains auront exprimé leur rejet de ceux qui veulent hypothéquer leur droit à la vie, manifesté leur attachement à l’une des expressions les plus fortes de la vie : les festivals.













