Si la nouvelle donne du secteur sucrier marocain, suite à la reprise, le 1er août 2005, des quatre sucreries publiques Sunabel, Surac, Suta, et Sucrafor acquises par Cosumar, filiale de l’ONA, devrait se traduire par une meilleure sécurité de l’approvisionnement du marché marocain, elle n’est pas sans poser plusieurs questions quant au devenir de la filière et de ses hommes. La libéralisation amorcée depuis des années, et encore pas achevée, est la grande inconnue de cette nouvelle donne.
Les assurances données à la filiale de l’ONA, qui a tout de même déversé 1,367 milliard de dirhams et très certainement contenues dans le contrat de transfert, ne sont toujours pas livrées. «Le processus de libéralisation entamé par l’Etat en 1996 suivra les mêmes dispositifs de concertation avec les différentes parties prenantes comme par le passé, pour arriver à un scénario optimal et à une mise en œuvre efficace prenant en compte les différents intérêts et enjeux des parties concernées notamment l’amont agricole, les producteurs industriels et les consommateurs», est-il précisé par le staff Cosumar. En attendant d’y voire plus claire, la date du 15 septembre sera décisive pour le management Cosumar.
Les conseils d’administration des différentes sociétés reprises se tiendront le 15 septembre. Le point essentiel sera assurément le devenir du personnel hérité de cette transaction. L’effectif Cosumar s’est ainsi cru de 1755 personnes. Le choix de rester au sein de la nouvelle entité, ou alors, soit d’opter pour le départ volontaire ou encore regagner son administration d’origine, se posera pour ces personnes. Il faut dire que plusieurs personnes ont été affectées aux entreprises sucrières publiques. Par conséquent, les fonctionnaires désirant rester bien au chaud, opteront certainement pour l’administration. Reste à connaître leur chiffre exact! Il faut aussi préciser qu’un plan de départ volontaire, bien avant l’opération Intilaka, sévissait au sein de ces unités. Les chiffres livrés par la Cosumar sont ceux de 2004.
«Pour le personnel, Cosumar respectera les engagements des sociétés acquis vis-à-vis du personnel et se concertera avec le personnel et les partenaires sociaux pour améliorer l’efficacité opérationnelle des équipes et atteindre les objectifs de performance visées», est-il mentionné côté Cosumar tout en précisant «dans ce cadre une politique participative de développement des compétences sera mise en œuvre. Elle sera basée sur des plans de formation ambitieux et adaptés à chaque catégorie de personnel visant à optimiser tous les métiers. De plus, l’appartenance de Cosumar au Groupe ONA offrira des opportunités de mobilité au sein des entités de Cosumar et des autres métiers de la holding». Donc, clairement, rien ne filtre quand au devenir de l’effectif.
Les 4 sociétés sucrières Sunabel , Surac, Suta, et Sucrafor acquises par Cosumar le 1er août 2005 sont implantées respectivement dans les régions du Gharb – Loukkos (Sunabel et Surac), du Tadla (Suta) et de Moulouya (Sucrafor).
La Sunabel a une capacité de production de 1 200 000 tonnes de betteraves / an et comprend un effectif permanent de 643 personnes réparti sur 4 sites (données 2004).La Suta a une capacité de production de 1 080 000 tonnes de betteraves / an et comprend un effectif permanent de 541 personnes réparti sur 3 sites (données 2004).
La Sucrafor a une capacité de production de 270 000 tonnes de betteraves / an et comprend un effectif permanent de 146 personnes (données 2004). La Surac a une capacité de production de 1 140 000 tonnes de canne / an et comprend un effectif permanent de 425 personnes réparti sur 3 sites (données 2004). Sur le volet purement financier, le marché se fait écho du recours possible de la filiale de l’ONA au marché financier à travers une émission obligataire pour financier l’opération d’acquisition. «Au sujet du montage financier du projet d’acquisition, plusieurs scénarii envisageables sont en cours d’étude pour optimiser le choix», est-il précisé par le staff Cosumar. Un analyste financier estime que l’émission obligataire parait peu probable. Un emprunt bancaire classique serait plutôt à l’ordre du jour.
Les jours prochains apporteront, très certainement, des réponses concrètes à l’ensemble de ces éléments. En attendant, un nouveau plan de communication est le meilleur gage d’un plan de reprise réussi, surtout que le monopole de fait où se trouve la Cosumar porte atteinte à son image!