ALM : Pourquoi êtes-vous d’abord rentré au Maroc ?
Abdy : C’est pour pouvoir monter ma boîte de production (audiovisuelle), sachant que le paysage audiovisuel au Maroc est encore assez vierge. Ce projet va se dérouler sur plusieurs étapes; dans un premier temps, c’est surtout le milieu de l’image qui sera investi, c’est-à-dire qu’on va travailler sur tout ce qui est sitcoms, émissions musicales… Dans un deuxième temps, on va se diriger vers la post-production, on fera des musiques pour les films, pour des spots de publicité, sans oublier l’habillage d’antenne (fond musical), etc. En tant qu’artiste, je suis attiré par tout ce qui est art. Et en plus, mon but à moyen terme c’est de monter en parallèle un studio d’enregistrement de musique.
Ce retour ne serait-il pas dû aussi à la concurrence farouche que connaît la scène lyrique en France ?
C’est vrai que le champ musical français est tellement envahi par des émissions qui fabriquent des stars du jour au lendemain. Je me suis posé la question s’il ne fallait pas prendre du recul par rapport au milieu dans lequel je me trouvais. Cela dit, il y avait des moments où j’avais du temps libre. Pour m’occuper, il me fallait créer quelque chose dans lequel je puisse m’investir. C’est pour cela que j’ai pensé à créer une boîte de production audio-visuelle à Rabat.
Avez-vous fait appel à des associés pour monter ce projet ?
On est trois associés, tous issus du milieu audiovisuel. Pour ma part, étant donné que je suis diplômé d’une école internationale du son, je vais m’occuper de tout ce qui est audio.
Ce projet ne risque-t-il pas d’avoir des répercussions sur votre carrière d’interprète-chanteur ?
En effet, ma carrière en tant que soliste-interprète risque de se mettre en stand-by, le temps que le société puisse trouver ses marques. Car, mon premier amour, c’est la Musique avec un grand «M».
Une fois le projet monté, compteriez-vous vous installer au Maroc ?
Je vais faire la navette entre Paris et Rabat. En allant en France, j’essayerai de trouver des productions et revenir les concrétiser au Maroc. Et le contraire existe.
Avez-vous un projet de nouvel album ?
J’ai neuf titres du second album qui sont déjà faits en France. Mais il me reste six autres titres à finir pour pouvoir sortir cet album, le deuxième après celui intitulé «Galbi » (Mon cœur).
Quels sujets traitez-vous dans ce second album ?
L’album traitera des sujets comme le séisme d’Al Hoceïma. J’ai enregistré à cet effet une chanson intitulée « Bouya » dans laquelle je dis : « Jatni khbar, tchtan bali, tzaâzaâ galbi, brad dammi, ghiam hali ô malqit kif ndir, hobi likom raho kbir, khssara jahdi lqito sghir, ya lo kan andi janhin, kont tart ou jitkom f’lhin ». J’ai un autre titre aussi qui parle du Sahara marocain, et où je voudrai chanter avec tous les dialectes marocains (tachelhit, tarifit, arabe dialevale, etc).
J’ai encore un autre titre qui traite de la vie des Arabo-musulmans par rapport à « Al Hogra » et dans lequel je dis : « Chkoun fikom ya ennas haz errass ô gal khlass ».
Que pensez-vous des émeutes qui ont été déclenchées fin 2005 dans les banlieues parisiennes ?
J’ai été très choqué par ce qui s’est passé, parce que toute l’image du Maghrébin, quel qu’il soit, a pris un sacré coup de massue. Mais ce qui était navrant, c’est qu’on aurait pu éviter tout ce qui s’est passé. Si les politiques avaient pris en considération les revendications des banlieusards, que certains ministres, comme Nicolas Sarkozy, s’étaient abstenus de qualifier la jeunesse maghrébine de « racaille », on n’en serait pas là. Mais le côté positif de la chose, c’est que les politiques savent maintenant qu’il y a une réelle discrimination envers les enfants de l’immigration.













