ALM : Le projet du Code de l’urbanisme prône un urbanisme participatif, incitatif et au service du citoyen. Qu’en est-il exactement ?
Taoufik Hejira : Le lancement du code de l’urbanisme par Sa Majesté le Roi Mohammed VI est un très grand chantier de réforme pour le Maroc moderne. C’est un projet de règne dont la préparation et la mise en oeuvre concerneront au moins deux gouvernements. Les managers de la gestion publique d’aujourd’hui ont cette responsabilité et cet honneur de participer à la mise en œuvre des jalons de ce grand projet de réforme. Et tous sont conscients de cette responsabilité. La lettre royale adressée aux concepteurs de ce code a tracé les grandes lignes de l’urbanisme de demain. Le Souverain nous a ainsi demandé d’imaginer l’avenir du pays en toute liberté. Actuellement, les grands textes qui régissent l’urbanisme datent du début du siècle dernier, notamment de 1914. Et malgré les différentes modifications, les principes sont restés les mêmes.
Quelle est alors la particularité de ce projet de code ?
Le projet de code est en soit une révolution. Il propose ainsi une nouvelle manière de penser l’urbanisme dans notre pays. Un urbanisme du Maroc nouveau, pluriel, moderne, ouvert à la compétitivité et prêt à affronter les défis de la mondialisation. Le projet relève également un double défi, celui de corriger les dysfonctionnements des cinquante dernières années et de préparer les bases des vingt ou trente années à venir.
Pensez-vous que tous les ingrédients sont réunis pour réussir ce challenge ?
Depuis le lancement de la réflexion sur ce projet, nous avons senti une grande prédisposition de la part de tous les intervenants, acteurs politiques, sociaux, élus, architectes, cadres des agences urbaines. Il y a consensus sur la nécessité de sortir de la logique de l’urbanisme figé. Figurez-vous que le plan d’aménagement condamne l’avenir d’une même zone durant les dix années qui suivent son élaboration sans donner la possibilité de l’actualiser. De plus, ce document urbanistique prend de trois à cinq années pour aboutir. Au moment de sa sortie, ce document se trouve déjà dépassé. Ceci ne correspond pas du tout au Maroc que veut Sa Majesté, celui de l’investissement et de l’INDH.
Quelle place prend justement la valorisation de l’élément humain ?
L’élaboration du code se base sur la concertation, qui commencera dans les jours qui viennent et qui sera large et animée par les agences urbaines. Ces dernières tenteront d’associer le maximum des personnes ressources et d’experts autour de ce projet. La concertation se fera aussi par Internet. Un site dédié à ce code sera d’ailleurs lancé officiellement le 18 janvier. Ainsi, la réflexion ne se limitera pas uniquement aux cadres du ministère de l’Habitat, ni ceux des autres ministères ni même les universitaires. Toute la génération des Marocains qui ont une valeur ajoutée sera sollicité. Désormais, dans notre pays, la refonte de l’urbanisme est un thème national, à l’instar des autres démocraties.