La polémique autour du film "Marock", dans les salles du Royaume depuis le 10 mai 2006, est "légitime". C’est l’avis de 49,1% des internautes, lecteurs d’ALM, ayant pris part à notre dernier sondage en ligne. Toutefois, ceux qui jugent que cette même polémique est "absurde" représentent 46,4% des internautes sondés au moment où les "sans avis" sont de 4,5%. A rappeler également qu’ils étaient 3063 de nos lecteurs en ligne à participer à cette "consultation". Ces résultats ne font que refléter une revendication tout aussi légitime et c’est celle de faire confiance à la capacité de jugement des Marocains, loin de toute tutelle "moralisatrice" et des "ciseaux" d’une censure qui n’a, pendant de longues décennies, en rien servi ni les arts, ni des millions de citoyens. Et moins les censeurs, officiels ou autoproclamés, eux-mêmes. Le film de Leila Marrakchi a été descendu en flammes par la "bien pensance" nationale et, dans la majorité des cas, sans avoir d’abord pris la peine de voir ce dont il était question. Les hérauts de la censure, PJD en tête, ont d’abord "exécuté" le film. Le parti islamiste "modéré" a multiplié les appels à l’interdiction de "Marock" allant jusqu’à saisir, dans ce sens, le ministère de la Communication dont relève le CCM (Centre cinématographique marocain). Nabil Benabdallah aura cette heureuse et non moins courageuse réponse: l’ère de la censure est révolue !
Sur le plateau de 2M, lors de l’émission "Polémiques", Lahcen Daoudi, responsable et député PJD parlant le moins mauvais français, dira qu’il est tout aussi "démocratique" de permettre, à ceux qui le veulent, de protester contre la projection du film. Le signal est donné. Les autres officines du PJD se chargeront de la sale besogne : "Attajdid" qui fait le service après-vente avec force "Unes" imprécatrices. Le MUR (Mouvement Unicité et Réforme) en a fait des siennes et des imams mêmes ont été jusqu’à qualifier la réalisatrice de "sioniste", ultime invective proférée par l’imam de la mosquée Badr (Agdal, Rabat) lors du prêche du vendredi. Pendant que la galaxie des barbus s’excitaient, le film "Marock" enregistrait des records d’entrées dans plusieurs villes du Maroc. Leïla Marrakchi, quelque part, devrait être redevable au PJD et Co. Pour le coup de pub, gratuit ?, offert par les islamistes. "Marock" avait déjà suscité la polémique lors de sa projection dans le cadre du 8ème Festival national du film à Tanger. Ses détracteurs comptaient sur une interdiction, sinon, la "moindre des choses", sur quelques coups de ciseaux. Le public, seul juge, a eu droit à l’œuvre intégrale pour juger sur pièce. "Le Pain nu" de Mohamed Choukri, lui, a "survécu" à des décennies de censure et en plusieurs langues. Il a même "survécu" à Driss Basri…