Culture

L’émission «Café TV» souffle sa première boujie

© D.R

ALM : Depuis 1995, vous avez animé différentes émissions-débat. Mais l’émission qui semble avoir suscité le plus d’intérêt est « Café TV » diffusée actuellement ? Votre carrière est-elle arrivée à maturité ?
Bouchra Mazeh : J’ai démarré en 1995 avec « Hodour », cette émission m’a permis d’installer une tête à la télévision. Plus encore, cette émission a été doublement primée au Festival de la Radio-Télévision du Caire : 2ème prix d’argent et prix de la meilleure production d’émission culturelle dans le monde arabe. Ensuite, il y a eu « Tanawyiat » qui s’intéressait aux anciens lycées du Maroc, tels que le lycée Moulay Driss de Fès et le lycée Tarek d’Azrou. Les deux émissions avaient un point commun: le travail sur la mémoire culturelle. L’émission « Hodour » tournait autour de personnalités ayant marqué la fin du XIXè et du XXè siècle comme Abou Chouaïb Doukkali, Mokhtar Soussi et Mohamed El Fassi.
Ce travail de mémoire s’est poursuivi avec l’émission « Tanawyiat », lequel avait pour objectif de présenter des modèles de réussite à la nouvelle génération.
Après, il y a eu l’émission «Machahid» qui était focalisée sur l’activité théâtrale nationale et puis « Abouab » qui, comme son titre l’indique, s’intéressait à la mémoire des villes en donnant toutefois de ces villes un visage culturel différent. Entre-temps, j’ai animé à la télé plusieurs émissions-débat et couvert plusieurs festivals tels que le Moussem d’Assilah et le Festival national de théâtre de Meknès. « Café TV », qui vient de souffler sa première bougie, s’inscrit dans le prolongement de ce parcours.

Emission d’inspiration occidentale, « Café TV » s’adapte-t-elle à la réalité marocaine ?
Cette émission est certes inspirée de la grande tradition des salons littéraires européens qui ont démarré au XVIème siècle et se sont épanouis au XVIIIème siècle grâce à des mécènes qui recevaient des intellectuels pour débattre des sujets à vocations culturelle, sociale, politique, etc.
N’empêche, dans notre histoire arabo-musulmane, on a connu des mécènes qui accueillaient des écrivains, des poètes… Je citerais en exemple les salons organisés en Egypte par Maï Zyada, femme intellectuelle d’origine libanaise, et avant elle Wallada qui tenait des salons en Andalousie. Ces deux femmes ont contribué à l’épanouissement intellectuel de leurs époques. Je me suis inspirée de toutes ces expériences mais tout en impliquant le support télévision. C’est de là que vient le concept de « Café TV ». Sur le fond, cette émission est inspirée du salon littéraire mais dans la forme c’est une émission à part entière, elle est soumise aux obligations de la télévision: le temps, l’espace, l’esthétique. «Café TV» est un mélange entre art et culture, politique et société… il n’y a pas de restriction là-dessus.

Emission de débat culturel, « Café TV » introduit la musique et, parfois, l’humour. Pourquoi ce mélange ?
La culture est réputée être triste et sérieuse ; l’essence même de la démocratisation culturelle est de rendre accessible cette culture à tout le monde. Pour cela, il faut faire en sorte que tout le monde s’y reconnaisse.

Sur quels critères vous basez-vous pour choisir vos invités ?
C’est l’actualité qui préside à ce choix, mais pas à condition que les invités fassent eux-mêmes l’événement. L’objectif est d’interpeller une personnalité sur un fait d’actualité. En plus, « Café TV » vise à révéler la face cachée d’une personnalité en dehors de son domaine d’activité. En bref, on cherche à inciter notre invité à s’exprimer sur des préoccupations actuelles.

Après 11 ans d’expérience en animation télévisuelle, vous arrive-t-il d’avoir le trac ?
Enormément. Surtout, avant le démarrage de l’émission. Je pense que le trac est quelque chose de positif dans la mesure où il permet de se remettre en question. Il ne faut jamais considérer la réussite comme quelque chose d’acquis à l’avance. Chaque émission est un nouveau début. La télé est un métier, et l’orientation d’un parcours se décide dès le démarrage. Il y va de l’encadrement. S’il n’y a pas des gens pour me donner confiance, et m’apprendre à confectionner une émission, mon parcours sera différent. J’ai appris mon métier grâce à un grand réalisateur qui m’a donnée à chaque fois confiance en moi : Mohamed Qsaïb.

La formation académique est-elle nécessaire pour réussir ce métier ?
Ex-lauréate de l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle (Isadac), et titulaire d’un DESS en Médiation culturelle à l’Université Mohammed V de Rabat, j’ai pu réaliser l’importance de l’apprentissage académique. En ce qui concerne la télé, elle n’est qu’un moyen de médiation parmi tant d’autres. Je veux parler du conservateur de musée, du directeur de galerie… L’animation télévisuelle fait partie de la médiation culturelle, mais elle a besoin non seulement de formation académique mais aussi de connaissances culturelles. Pour réussir devant la caméra, il faut avoir le don. Et ce don a besoin de bagage culturel et d’expérience.

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