Editorial

La poudre d’escampette

«Rentrez-lui dedans ! » Voilà comment les collaborateurs du Premier ministre parlent du directeur des Impôts, Nouredine Bensouda. Et ça n’a pas tardé. Les groupies, notamment médiatiques, de la Primature ont sorti leurs flingues vermoulus, leurs arquebuses qui tirent dans les angles morts et leurs escopettes de contrebande pour achever l’impénitent.
Le sale boulot se décline toujours en colonnes de presse, c’est à dire verticalement, alors la reptation est la condition-même de l’existence de ces imposteurs. Quand ils font parler la poudre, c’est toujours celle de l’escampette.
Mais qu’a-t-il fait de si grave notre directeur des Impôts – un homme connu pour son intégrité, son professionnalisme et son caractère affable – pour que ces artificiers du pétard mouillés reprennent incidemment du service ? Il aurait commis, paraît-il, une circulaire qui contredit la réforme du Code du Travail. Ah bon ! Et pourquoi ? Pour stopper la marche vers la réforme du gouvernement, retarder le progrès social dans le pays et désespérer les classes laborieuses. Bien ! Il veut aussi détruire le principal acquis du gouvernement : la signature du Code du travail, que n’a pas pu obtenir en son temps Abderrahmane Youssoufi alors que Driss Jettou considère que s’il y avait un petit trou à travers lequel il pouvait rentrer dans l’histoire c’était bien celui de cette serrure-là. Alléluia !
Il semblerait que la circulaire des impôts contredise la loi. Celle peut-être de la démagogie mais on ne voit de quelle loi il s’agit, à moins que ça soit celle du plus fort. Quant à la loi de Finances ,qui devait comporter les « promesses » du gouvernement aux syndicats les fins limiers de la Primature l’ont tout simplement oubliée.
Vraisemblablement, par amateurisme. Et si la loi de Finances ne change pas, le budget ne changera, et les impôts ne changeront pas. Ce n’est pas une circulaire qui peut changer cette réalité. On peut accumuler une expertise dans le bidouillage des élections ou dans la correction administrative des scrutins, mais cela à notre connaissance ne qualifie pas encore pour tripatouiller le Budget et les impôts qui vont avec. Il faut voir ailleurs.
On se rend compte à présent que la signature de la réforme du Code du travail n’était qu’un effet d’annonce avec tambours et trompettes. Il fallait vite donner du grain à moudre aux citoyens, aux médias, au patronat et aux syndicats pour leur vendre un « progrès social » clés en mains moites, alors qu’aucun travail de fond n’a été accompli notamment en association avec le ministère des Finances. C’est du bricolage. C’est tout.
Maintenant, on va nous dire avec l’intelligence habituelle qui sied aux nihilistes analysants que le Makhzen financier s’oppose au gouvernement ,qui est en fait une organisation non gouvernementale – ça on le pensait depuis le début – dirigé par un membre éminent de la société civile ( !) que l’Etat, au passage makhzénien lui aussi – cherche à faire tomber à la demande des sécuritaires qui, comme chacun sait, ont tous leurs cartes de la section Forum Vérité et Justice de la section de Laâyoune quand ils ne vendent pas clandestinement des cartes de voeux de l’Unicef à Derb Ghallef. Pauvres de nous!.

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