Culture

Portrait : Profession «Guerrab»

© D.R

Abdessalam est l’un d’eux. Âgé de 49 ans, il exerce ce métier depuis presque quinze ans. Muni de sa cloche, une Outre remplie d’eau sur l’épaule, il tend des tasses remplies d’eau aux passants dans l’espoir d’en convaincre quelques-uns pour prendre une gorgée. Son bénéfice n’est que de quelques dirhams, tout dépend de la générosité de chacun. «Ce n’était pas comme ça avant, les temps ont changé !», dit-il. «Les gens n’ont plus la même mentalité, les bouteilles d’eau minérale sont plus accessibles et les passants ne font plus attention à notre présence», poursuit-il. Ce père de famille n’a pas d’autres choix, il sillonne les places achalandées du centre-ville en quête d’un peu d’argent pour faire face à ses besoins et ceux de sa famille : «Je vends de l’eau à l’ancienne, avec cet accoutrement rouge, on essaye d’attirer l’attention des touristes dans l’espoir de récolter un peu de monnaie étrangère». En l’occurrence l’euro, puisque la plupart des touristes sur place viennent du Vieux Continent. C’est une manière de faire face à la dure réalité économique dans laquelle sont plongées les familles au revenu précaire. L’illetrisme et l’analphabétisme étant des handicaps majeurs, rendant la vie encore plus difficile pour ceux qui pratiquent ce métier. Il est à noter que les changements socio-économiques ont affecté les moeurs d’une jeunesse qui n’est plus intéressée par ce genre de services. C’est surtout les enfants qui sont encore fascinés par le service des «Guerrabas». «Nous sommes là matin et soir et c’est vrai que les enfants viennent tendre leurs mains par curiosité. Les parents s’arrêtent dans certains cas pour boire un peu d’eau de notre fontaine improvisée le temps de faire un vœu», confie Abdessalam. Avec un grand sourire, il parle de ses contacts avec les touristes : «C’est un moment particulier, les touristes aiment bien prendre des photos avec moi».
Et d’ajouter : «C’est surtout l’habit et le matériel qu’on utilise qui attirent le plus et c’est à mon avis là que réside tout le charme du porteur d’eau». Un métier à part entière exercé dans des conditions qui laissent à désirer. De plus, il n’offre aucune forme de sécurité financière, le revenu fluctue au grés des tendances. Abdessalam déclare qu’avant le prix d’une tasse d’eau variait entre 3 et 5 DH, alors que maintenant le consommateur débourse ce que bon lui semble.
«Il n’est plus question de profession, c’est un service qui s’est usé avec le temps et plus personne ne fait appel au Guerrab», regrette-t-il.
La seule constante qui reste inchangée dans ce métier est la place qu’il occupe dans le paysage touristique. Que ce soit du côté de la wilaya de Casablanca ou encore à la grande place de Jamâa El Fna à Marrakech, les «Guerrabas» sont une véritable attraction touristique. En costume traditionnel, ils sont donc partie prenante du paysage culturel marocain.Ce métier en voie de disparition a jadis eu son âge d’or dans les années 80. La belle époque pour ce métier est révolue, maintenant certains avouent être réduits à la mendicité.

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