Culture

Portrait : Ali Taqui, le passionné du dromadaire

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Il s’appelle Ali Taqui et est originaire du Sud marocain où il a passé une grande partie de sa vie avec les dromadaires au point d’en devenir l’ami intime. Pour lui, l’élevage de ces animaux n’est pas seulement un gagne-pain, mais avant tout, un honneur et un prestige.
Ce natif d’Alhagouniya (100 km au nord de Laâyoune), en 1958, ne s’est jamais séparé des traditions sahariennes. Etre propriétaire de dromadaires réfère au statut social de la personne, et malgré les changements intervenus  aux niveau des coutumes locales, avec notamment la sédentarisation de la population nomade, l’élevage du dromadaire continue d’être considéré comme source de fierté.
Ali Taqui  s’occupe en personne de son troupeau. Son programme quotidien commence avec le lever du soleil.
La quête du pâturage est entamée dans le Sahara qu’il connaît par cœur. Ali ramène avec lui ses provisions, car il ne rentrera qu’au coucher du soleil, l’heure du retour au point de départ dénommé localement Marah.
Et pour passer une nuit tranquille, Ali doit s’assurer que les dromadaires sont en sécurité, et empêcher les plus «entêtés» d’entre eux, notamment le chef du troupeau.
A minuit, Ali doit se réveiller de nouveau. Cette fois-ci, pour traire les chamelles. À en croire ce chamelier, les chamelles offrent leur lait avec générosité après s’être bien reposées.
Après sa longue cohabitation avec les dromadaires, Ali est totalement convaincu que ces animaux  partagent les mêmes émotions que leur maître. D’après lui, si celui-ci prend peur, les dromadaires réagissent en conséquence et prennent sa défense.
Ils peuvent même, parfois, prévenir leur maître d’un danger imminent en  dirigeant leur cou vers sa provenance. Ils se mettent alors debout invitant leur maître à quitter les lieux. Ce dévouement fait des dromadaires les compagnons les plus fidèles et les plus aimés des Sahraouis.
Ali ajoute : «Le dromadaire dispose d’une très bonne mémoire. Il s’abreuve du puits ou sa mère s’est abreuvée, quand il n’était qu’à l’état embryonnaire. Cet animal se souvient de l’empalement d’un puits, vingt ans après y avoir bu. Et si une chamelle est vendue à des milliers de kilomètres, elle revient tôt ou tard vers son premier propriétaire».
Pas de doute, pour ce chamelier, les dromadaires n’ont plus aucun secret. Il  peut, aujourd’hui, connaître facilement l’état «psychique» de cet animal à travers ses cris et les bruits qu’il émet.
Selon lui, le dromadaire émet sept sons différents adaptés aux circonstances. De ce fait, il existe un lexique spécifique pour chaque état. Quelques exemples : l’affection «you hanen», la joie «you zemzem», une chamelle qui protège son petit «tou berbekh», un mâle qui protège ses femelles «yahder», dominé ou subissant une défaite «yarghi».
Dans son troupeau, composé de 32 dromadaires et de 20 chamelles, Ali garde toujours  un dromadaire de course, un de selle, et un mâle reproducteur.
Cet éleveur veille à ce qui ses enfants partagent sa passion et n’abandonnent jamais les dromadaires, et surtout qu’ils sont conscients du rôle de ces animaux.
Les héritiers doivent préserver ainsi cette culture et la perpétuer. «L’observation quotidienne  des  dromadaires nous montre comment être résistant, intelligent, calme et efficace», affirme Ali. L’homme sahraoui, qui s’est lié à cet animal appelé «Le navire du Sahara» («Safinatou Assahrae»), pour ses capacités d’endurance au cours des longs trajets du désert n’est pas prêt de d’abandonner le gouvernail.

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