Editorial

Une journée de silence

Pendant une journée entière, les Marocains, inquiets et mortifiés, ne pouvaient s’informer sur le dramatique séisme d’Al Hoceïma que par les médias étrangers. Une journée pendant laquelle l’incurie de nos médias publics était honteusement étalée au grand jour.
Ces médias, d’ordinaire si prolixes quand il s’agit de propagande gouvernementale, d’information institutionnelle orientée, ou de promotion de leur clientèle obligée ont montré qu’ils étaient définitivement fâchés avec quelque chose de fondamental qui s’appelle l’information. Les Marocains ont toutes les raisons du monde d’être en colère contre ces télévisons et leurs responsables actuels dont, désormais, l’incompétence nuisible à notre pays est plus qu’avérée.
Note confrère Al Ahdath Al Maghribya traduisant légitimement, et il est parfaitement dans son rôle, cette colère, a demandé la démission du ministre de tutelle. Sa responsabilité est engagée et on ne peut qu’adhérer à cette demande. C’est la moindre des choses.
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, qui occupe pourtant avec constance les écrans de télévision, n’a pas estimé utile lors de ce drame, de s’adresser à l’opinion publique marocaine. Il a préféré parler à iTélévision, une chaîne étrangère, les siennes étant hors service croulant sous le poids de l’indigence intellectuelle et professionnelle. C’est ajouter le ridicule à l’incurie.
Pendant toute cette journée où les Marocains souffraient dans leur chair, le gouvernement, certainement occupé par sa politique de proximité, était aux abonnés absents. Personne. Silence radio. Seule Zoulikha Nasri représentant dignement la Fondation Mohammed V, en Mère courage, était sur le terrain en compagnie de Mustapha Sahel. Dans un drame comme celui d’Al Hoceïma, les secondes sont décisives. Toutes les actions sont les bienvenues.
Toutes les mobilisations sont souhaitables, voire nécessaires. Il n’y a rien eu. Un pan entier du territoire national était livré à la mort. Celle-ci faisait, sous les décombres, son oeuvre dans un silence que seule rompait la douleur des agonisants, quand elle arrivait à s’exprimer.
Essaouira, Agadir, Tanger, Al Hoceïma, SM le Roi Mohammed VI est sur tous les fronts. Seul, en première ligne. L’Exécutif, qui doit être à la hauteur des exigences royales, et faire tout simplement son boulot, est inexistant. Le séisme du Nord a tout emporté sur son passage. Quand viendra le temps des statistiques macabres et du bilan réel de la gestion de la crise, il va bien falloir compter ce gouvernement parmi les victimes. Mort par indifférence au sort de ses concitoyens. Mort par léthargie. Et mort par indolence.
Toutes les agitations, tout le verbiage et tous les coups de menton de son communicateur en chef n’y changeront rien. Le temps où les télévisions marocaines avaient su couvrir, avec une intelligence indiscutable, les événements douloureux du 16 mai est bien loin.

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