Culture

Une caresse de chaux majestueuse sur les murs

© D.R

Traversant le temps des mille et une nuits, des palais et riads, le Tadelakt est devenu au fil du temps un fait de mode et de décoration d’intérieur très prisé. Les couleurs chaudes, le résultat presque féerique des matières issues de la nature épousant les mûrs tout en donnant un effet de quiétude et d’originalité, a fait de ce savoir-faire marocain une tendance de décoration hissée au rang des plus grandes vogues de décoration d’intérieur. Brillant et imperméable, le Tadelakt qui constituait dans un premier temps  un revêtement par excellence des salles de bains et hammams marocains est aujourd’hui adopté pour une décoration traçant une originalité jaillissant du fond du savoir-faire marocain. Se basant sur des matériaux traditionnels ou de nouveaux éléments pour donner un effet Tadelakt, ce savoir ancestral décoratif a gagné en beauté  l’univers de la maison moderne .
Connu dans un premier temps comme enduit des salles de bains et de hammams, le Tadelakt a vite transgressé les tendances habituelles de son utilisation. Son aspect doux et fin lui a conféré une beauté original lui permettant de dériver dans des utilisations plus diverses, notamment à l’intérieur comme à l’extérieur de la maison. Travaillé à la chaux, les techniques de Tadelakt émane d’un savoir-faire de grands « maâlmen » ayant transmis leur savoir-faire. En effet, le Tadelakt est fabriqué à base de matière naturelle et requiert une très grande maîtrise et de la technicité de la préparation de l’enduit jusqu’au soin méticuleux que nécessite son posage sur les mûrs. Réalisé à la chaux de Marrakech, la pâte homogène et souple se laisse reposer pour une durée de deux jours avant d’ajouter les pigments de couleurs. Le posage de cet enduit est alors fait en une seule passe. L’une des phases les plus difficiles de ce posage étant la phase définitive qui consiste à passer un mélange de savon noir et d’eau sur le mûr en effectuant des rotations par le biais des galets. Un exercice nécessitant une grande force et application pour donner l’effet recherché. Ferré à base de galet de rivière et traité par le biais du savon noir pour acquérir un aspect fin et doux. Le Tadelakt épouse le mûr en lui conférant un aspect majestueux .Une invitation directe aux palais marocains d’antan et ce savoir- faire qui marquait la richesse et le faste de l’art architectural marocain.
Pourtant, cet art même a failli succombé à l’oubli faute de transmission, adoption des nouvelles tendances pratiques en matière de décoration et construction, le Tadelakt avait laissé place  à de nouvelles vogues en matière de décoration. La renaissance de cet art architectural ne se fera que quelques années après avoir vu l’engouement à l’échelle internationale pour les diverses arts décoratifs marocains. Une renaissance que les industriels réinventent en créant des produits modernes donnant un effet Tadelakt, profitant de la naissance d’une grande demande pour cette tendance et l’absence de maâlem dans la matière. Une demande qui a engendré la flambée des prix de cet art décoratif. Toutefois,  les différents produits industriels inventés restent loin de l’effet procuré par Tadelakt.
Vasque en Tadelakt, meuble et objet de décoration,  revêtement du sol comme des mûrs, le Tadelakt est devenu un parti pris de décoration et d’originalité adopté non seulement au niveau des maisons mais également au sein des hôtels et restaurants. Escaliers, poutres, vases ou objets de poterie ou fontaine en Tadelakt, le Tadelakt semble se réinventer chaque jour se dérivant de sa première utilisation pour marquer une nouvelle ère de décoration nostalgique  s’apprêtant aux exigences du 21ème siècle.

Articles similaires

Culture

Prévue le 17 octobre au Studio des Arts Vivants : Présentation DE «Les hommes sont des femmes comme les autres» à Casablanca

Après avoir conquis la France avec plus de 1.500 représentations et 300.000...

Culture

Le film est un hommage à la force des relations humaines: «Black Tea» d’Abderrahmane Sissako sort dans les salles obscures

A partir du 9 octobre, le nouveau «Black Tea» d’Abderrahmane Sissako sera...

Culture

Foire d’art contemporain africain 1-54 : La galerie L’Atelier 21 y participe

Elle expose les œuvres de quatre artistes

Culture

Elle réunit les œuvres des étudiants d’architecture de l’Université EuroMed Exposition «Architect Mind» à Fès

L’American Language Center de Fès, l’ Arabic Language Institute, l’Université EuroMed de...

Lire votre journal

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux

Articles les plus lus