Culture

L’Allemagne reconstruit ses palais détruits par la guerre

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Les villes allemandes reconstruisent leurs châteaux et palais détruits pendant ou après la guerre: une nouvelle vogue qui s’explique par la recherche de repères et n’est pas du goût de tous.
D’Hanovre à Potsdam , on trace des plans pour faire resurgir des palais disparus. Un ancien pavillon de chasse devrait revoir le jour près de Bielefeld (ouest). Un palais de Dresde (Est) est presque achevé. La façade du palais de Brunswick (nord) a été reconstruite l’an dernier.
Après la Deuxième Guerre mondiale, beaucoup de villes allemandes avaient rebâti des palais endommagés. Mais d’autres ont été rasés pour des raisons esthétiques ou idéologiques. A la suite de la disparition de l’Allemagne de l’Est communiste en 1990 et dans la foulée de la reconstruction réussie du centre baroque de Dresde, la nouvelle vague de reconstruction s’est imposée. Elle a été portée par l’idée «que c’est faisable, que l’argent peut être trouvé, que ce qui en sortira ne sera pas du toc mais quelque chose de différent», commente Gabi Dolf-Bonekaemper, professeur à l’Université technique de Berlin. D’autres y voient une réponse à une crise identitaire des Allemands et un ras-le-bol face aux concepts éthérés de l’architecture moderne. Confrontées aux «angoisses de la mondialisation», observe Peter Schabe de la Fondation allemande pour la préservation du patrimoine, «les gens veulent des lieux avec lesquels s’identifier, et ils veulent renouer avec les villes à la mode d’autrefois». Mais à chaque fois, la question de l’usage du palais rénové se pose.
Datant du 18e siècle, le palais de Brunswick, gravement endommagé pendant le dernier conflit mondial puis démoli en 1960, a ressuscité l’an dernier.Qu’elle n’est pas la surprise des touristes de découvrir derrière sa façade historique reconstituée un café Starbucks et d’autres échoppes d’un centre commercial moderne. Avec plus de 9 millions de visiteurs en un an, le mélange entre la splendeur royale et la modernité a été un succès, estime cependant le directeur du centre, Jan Tangerding.
Le palais Herrenhausen de Hanovre servira à la Fondation Volkswagen, qui a annoncé l’an dernier des plans pour reconstruire la façade à l’identique de celle détruite en 1943. A Postdam, capitale du Brandebourg près de Berlin, Hasso Plattner, confondateur du groupe SAP, numéro un mondial des logiciels professionnels, a offert 20 millions d’euros pour reconstruire la façade du palais municipal, qui appartenait à la famille royale de Prusse. Le mois dernier, le parlement du Brandenbourg a voté pour se transférer dans le futur palais en 2012. C’est surtout le débat autour de la reconstruction du palais royal de Berlin, où doit être édifié un centre culturel, qui a fait rage. Très endommagé pendant la guerre, il a été détruit par les autorités communistes, qui avaient édifié à sa place le «Palais de la république», abritant le parlement de la RDA communiste. Contaminé à l’amiante, ce palais en verre fumé finit d’être détruit. Plus d’un historien juge ces répliques trompeuses pour ceux qui n’ont pas connu les originaux, surtout parmi les jeunes générations. «Les gens peuvent voir ces nouveaux bâtiments comme des constructions préservées du passé, et ce n’est pas vrai», estime M. Schabe. Gabi Dolf-Bonekaemper estime que le désir de reconstruire de prestigieux bâtiments rend plus difficile la restauration de joyaux plus petits et authentiques, à l’extérieur de grandes villes. «Nous voyons l’argent partir ailleurs, et il devient parfois impossible d’attirer les investisseurs vers des monuments existants», observe-t-elle. «Or l’Allemagne est truffée de châteaux. Personne n’étant prêt à investir un sou sur eux, en raison de leur mauvaise localisation».

• Brett NEELY  (AFP)

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