Chroniques

Périscope : Kadhafi n’est plus voyou

© D.R

Après l’accord passé avec les Etats-Unis, Kadhafi se heurte à l’opposition de la France pour sortir enfin de l’isolement dans lequel l’avait enfermé l’attentat de Lockerbie. Les familles françaises des victimes d’un autre attentat, celui du DC-10 d’UTA, continuent de réclamer des compensations pour clore définitivement ce dossier. Kadhafi leur propose 11 millions d’euros, ce qui est approximativement ce que doit toucher une seule famille de Lockerbie. Tant qu’une solution satisfaisante ne sera pas trouvée pour les familles du DC-10, qui représentent 170 victimes de 17 nationalités différentes, la France se refuse de voter au Conseil de sécurité la fin de l’embargo contre la Libye. Encore une fois, le colonel libyen met en émoi l’Europe qui n’accepte pas qu’un citoyen américain vaille plus cher qu’un ressortissant du vieux continent. Le contentieux entre Kadhafi et l’Europe reste entier, même si Américains et Britanniques tentent d’influer sur la décision de Paris. Cette affaire est des plus sensibles dans plusieurs capitales. Aujourd’hui, Kadhafi est de plus en plus courtisé par beaucoup de puissances occidentales qui veulent profiter du potentiel économique d’un pays sur la voie de réformes. Français, Britanniques et Américains se bousculent au portillon d’un régime qui jette l’argent de son peuple par les fenêtres. Surtout que Tripoli a reconnu officiellement sa responsabilité dans les attentats. Pour autant, aucune mesure ne pourra être prise tant que les Nations unies n’auront pas voté la levée des sanctions. Paris va même jusqu’à menacer de ne pas lever ses propres sanctions même dans ce cas de figure, si ses citoyens ne sont pas correctement indemnisés. Kadhafi, finira par y consentir. C’est sûr, car le colonel cherche à se défaire à tout prix de son image de voyou, mais son passé de champion du terrorisme lui colle à la peau. Des relations diplomatiques et économiques ne pourront être restaurées que si son régime fasse preuve de coopération à plusieurs niveaux. Pour Paris, on est encore loin du compte et la Libye n’est pas près de rejoindre la famille des pays sortables, respectueux de la légalité internationale. Mais, dans cette affaire, c’est toujours la logique américaine qui prime. En tout état de cause, le régime Kadhafi pourrait acheter son innocence, et Washington continuer à rançonner la Libye ou d’autres pays.

Articles similaires

Chroniques

Le Polisario, un poison africain

Que ce soit sur le plan diplomatique ou sportif, le Polisario pose...

AutreChroniques

Santé mentale et pouvoir d’achat

Il nous faut faire de la santé mentale des Marocains une priorité...

Chroniques

Chère prise de parole en public

Pour prétendre à te prendre en public, toi chère prise de parole...

Chroniques

Une véritable transformation et évidence du paysage socio-économique

Le rôle incontournable de la femme ingénieure au Maroc

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux

Articles les plus lus