Parmi les candidats élèves-officiers convoqués en octobre 1979, un bachelier, non retenu par la commission de recrutement, qui me dit: «colonel Bouziane: «si même l’armée royale ne veut plus de nous maintenant, il ne nous reste plus qu’à aller au moyen orient pour aider à la libération de la Palestine arabe». Tout a commencé suite à un dialogue entre officiers : l’attaché de l’air américain et moi-même , au sujet de l’admission d’un jeune élève marocain du crpta (collège préparatoire aux techniques aéronautiques), bachelier sciences mathématiques, à l’académie de l’Usaf à Colorado Spring.
la question est posée. La réponse arrive : l’Usaf Academy accordera aux forces royales air, chaque année, «une place» d’élève officier interne, pris en charge pendant les quatre (4) années d’études, conduisant à l’obtention d’un «bachelor of sciences» et à la nomination au grade de sous-lieutenant (pilote ou ingénieur). Depuis cette date, le directeur du crpta a la responsabilité de sélectionner, d’orienter, d’éduquer (principalement en anglais), de présenter aux examens américains tels le« sat» et le «toffle» les six (6) meilleurs élèves de son établissement. Au vu des résultats des examens, et des entrevus, l’attaché de l’air prend la responsabilité de sélectionner «un élève bachelier» parmi les «six».
Les élèves-officiers des fra, admis dans ces conditions à l’Usaf Academy se placent chaque années dans ce que les américains appellent les : Top10. Les 1.000» élèves formant la promotion sortante venaient de finir leurs quatre années d’études scientifiques et se préparaient à recevoir leurs «diplômes». Nous étions deux officiers de fra invités à cette manifestation : moi – même, le chef de la division écoles et le commandant Doughri , un jeune officier pilote de chasse, qualifié sur mirage f–1 et sur Northrop f–5a et qui commandait, depuis peu, la division d’instruction pilotage de la befra à Marrakech.
Nous étions venus à l’académie de l’air de Colorado Springs pour féliciter et encourager un jeune élève officier marocain, que les fra avaient sélectionné, voilà quatre années, pour faire partie de cette promotion de mille élèves au destin extraordinaire. le jeune élève officier marocain s’appelait «hammoumi». Il était originaire de «ouezzane», ville du nord du Maroc. Son père était un homme simple et courageux qui avait donné une «excellente» éducation morale à ses enfants. il gagnait sa vie en confectionnant des «djellabas» de laine pour nous, les marocains. Et puis voilà que le miracle arriva : son «fils», le lieutenant Hammomi lui obtint un «passeport» marocain, un «visa» us et un «billet» d’avion pour se rendre aux Etats–unis d’Amérique à fin d’être «présent» à cette «extraordinaire» cérémonie de sortie de l’Us Air Forces Academy, où le fils se classait parmi les «top 10» de la promotion. Le «comble» de cette histoire de fée, était que le père Hammoumi était là, assis à la tribune d’honneur, en «djellaba», et que le «guest speaker», cette année là, n’était autre que le président des Etats-unis d’Amérique en personne monsieur «Bill Clinton». Le capitaine Doughri et moi-même (col. Bouziane) arrivions ce samedi après-midi à l’aéroport national de Washington d.c., la capitale fédérale des Etats-Unis d’Amérique.
Nous venions de visiter l’académie de l’air de Colorado Springs où un jeune élève-officier aviateur marocain, Hammoumi, avait obtenu son diplôme de «bachelor in sciences» et était proposé pour la nomination au grade de «sous-lieutenant» des fra.
Hammoumi était classé parmi les dix (10) premiers élèves de sa promotion comportant 1.000 élèves: une «fierté» pour le Maroc ! A San Antonio (Texas), nous avions été reçus à Lackland afb, comme des «chevaliers» du développement, de l’apprentissage et de la maîtrise de la langue anglaise au sein de la famille des officiers et sous-officiers des fra . Plus tard, monsieur Keith Wert, un professeur relevant de la «défense language institute» à Lackland afb, et qui nous aura assisté dans le domaine linguistique de 1988 à 1992, laissera, avant de quitter le Maroc, une «plaque souvenir» disant : «in appreciation for years of congenial» «and fruitful cooperation». La visite de Randolph afb, toujours au Texas, nous avait permis de voir et de comprendre l’organisation et la mise en œuvre d’une extraordinaire école de formation d’«instructeurs pilotes» cette formation se faisait sur avion T- 37 : un bi-réacteur très performant, où pilote et élève sont assis «side by side». A notre retour au Maroc, le capitaine Bennani, pilote instructeur à Marrakech, sera détaché à Randolph afb pour une période de six mois afin de se qualifier sur T-37 et obtenir toute «documentation» utile pour notre école de la befra.
Aujourd’hui, le T-37 a remplacé à Marrakech le très âgé et légendaire «fouga magister cm-170», avion sur lequel j’avais fait mes débuts d’élève–officier pilote à l’école de l’air de salon de Provence, en France en 1956, au lendemain de l’indépendance de mon «pays». L’arrivée à Maxwell afb, à Montgoméry (Alabama), me rappela de merveilleux souvenirs de notre «passé» et de notre «jeunesse». en effet j’avais été le premier officier pilote des fra , en juin 1964, à peine marié , à venir aux Etats – unis d’Amérique suivre le cours des officiers d’Etat-major (Air command & staff college). de cette année là mon épouse et moi-même avons gardé des images «inoubliables» , et noué des «amitiés» que je qualifierai aujourd’hui d’«éternelles»: c’était un couple d’américains de Montgomery (Alabama), plus âgé que nous de quelques années: lui, Brayant Rushing, travaillait pour l’Etat d’Alabama, elle, Eloïse, était professeur de français dans un collège de la ville. Bryan n’avait jamais quitté son «pays», n’avait jamais voyagé à l’étranger, n’avait même jamais demandé un passeport à l’administration américaine, pour le simple fait qu’il était «bien» chez lui, et cela lui suffisait.
Mémoires du colonel Abdeslam Bouziane