Culture

La barbe fait tendance

© D.R

La barbe a longtemps été liée au rang social d’une personne dans la société. Son port est interprété autrement aujourd’hui. Les jeunes l’adoptent pour diverses raisons et l’adaptent en fonction du rasage. Quant au choix de la forme, les adeptes de ce type de pilosité ont l’embarras du choix entre des coupes faciles à entretenir, fines ou peu épaisses. La barbe des trois jours, faussement négligée, et le bouc finement taillé entourant la bouche et le menton ont la cote auprès des jeunes qui veulent mettre tous les atouts de séduction de leur côté.
La tendance aujourd’hui est aux formes très stylisées avec des contours finement sculptés au rasoir. Afficher sa masculinité est donc à l’ordre du jour pour les «homo sapiens» qui prennent soin de leur apparence. Comme la coiffure, le port de la barbe permet de personnaliser son image. Il ne faut pas hésiter à demander conseils auprès d’un barbier. D’ailleurs, sur ce sujet, les barbiers en savent quelque chose. «La barbe est moins contraignante que le rasage classique, mais nécessite tout de même un peu d’attention. Pour une barbe à l’italienne, taillée très courte à la tondeuse, il faut prévoir un rafraîchissement au moins une fois par semaine», confie Moustafa, barbier dans un salon de coiffure pour hommes à Casablanca. Pour les coquetteries actuellement en vogue, les choix sont multiples. «On peut oser pour un client une barbe très fine, avec par exemple un trait partant des pattes vers le menton», précise Moustafa. Le port d’une barbe tendance peut parfois s’avérer d’un grand secours pour ceux qui ont une peau fragile ou qui désirent cacher des boutons disgracieux. «Je fais pousser la barbe pour des raisons strictement dermatologiques. J’ai la peau très sensible et à chaque fois que je me rase le menton, j’ai des boutons qui apparaissent. Les gens croient que je suis un islamiste, même si j’ai une barbe très fine. Et j’ai remarqué qu’ils montrent  plus de respect à mon égard par rapport à la période où je n’avais pas de barbe. Du coup j’ai décidé de la garder», affirme Adil, instituteur dans une école primaire. Donc c’est une question de respect dont il s’agit. Pas si sûr, puisque d’autres personnes conçoivent le port de la barbe autrement. «Ah !, les pattes avec un bouc bien dessiné. C’est le summum de l’élégance. J’ai vu un film sur la mafia italienne avec un acteur charismatique qui m’a incité à adopter ce style. Les Italiens, c’est la classe», raconte Samir, un étudiant en droit. Il ne fait aucun doute que les jeunes qui optent pour le port de la barbe le font pour des considérations esthétiques.
D’autres la font pousser en référence à une symbolique précise. «Je suis étudiant et je vis à la charge de mes parents, lesquels m’ordonnent de me raser et de ne pas laisser pousser ma barbe. Je me suis fait pousser la barbe pour suivre l’exemple du Prophète Sidna Mohammed», déclare Abdelmoughit, un jeune Casablancais. Et de poursuivre que «parfois, il me passe par la tête de raser ma barbe, mais c’est devenu pour moi une question de principe. Je subis chaque jour des remarques désobligeantes de la part de certains proches. Ces gens qui me dévisagent sans raison, s’ils prenaient le temps de me connaître, ils s’apercevraient que je suis plus ouvert que certains. C’est comme si tu émettais un jugement négatif sur une fille juste en se basant sur son aspect vestimentaire».
L’avis des proches de ce jeune Casablancais n’est pas fortuit. Le port de la barbe a toujours eu une connotation idéologique. Dans les années 70, tous ceux qui l’adoptaient se faisaient accuser soit de révolutionnaires, de communistes ou de hippies. De nos jours, la comparaison se fait plutôt avec les terroristes. Chose pas très réjouissante, surtout si la personne compte user de sa pilosité pour séduire. En tout cas, ceux qui suivent la tendance savent ce qu’il leur reste à faire. Quant à ceux qui préfèrent rester imberbes, au lieu de supporter les commentaires les plus farfelus, une seule démarche est à suivre : À vos barbes, prêt, rasez.

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