Quelle est l’histoire du film «Destins croisés»? Et pourquoi le choix de ce titre?
Ce film raconte l’histoire de trois couples quadragénaires, s’étant séparés depuis les folles années de l’université, à peu près 15 ans. Chacun d’entre eux a une histoire personnelle et un destin particulier. Un jour, ils se retrouvent réunis dans la villa de l’un d’eux. J’ai essayé de rapprocher l’histoire du film à travers ce titre. Aussi, les jeunes d’aujourd’hui ont toujours l’impression que le passé est meilleur que le présent. Cette idée n’est pas toujours vraie et à travers mon film, j’essaye de la changer. Parmi les acteurs participants à ce long métrage, je cite Karima Chamsi Kods Joundoul, Mohamed Ayad, Maria Chiadmi, Abderrazak Zitouny, Yasmina Bennani, Marwa Assaad EL Idrissi, Saïd Lahlil. On a tourné ce film dans le village de Mirleft, durant six semaines.
Quel message voudriez-vous transmettre à travers ce film ?
À travers ce film, je veux faire revivre aux spectateurs l’ambiance qui régnait durant les années 70. Les étudiants de l’université à cette époque ont vécu plein de rêves et leurs modes de vie était différent à celui des étudiants universitaires d’aujourd’hui. Il y a un grand changement au niveau des idées, de la liberté d’expression et de l’ouverture d’esprit. Donc à travers ce film, je veux d’une manière indirecte, faire une comparaison entre les années passées et ces dernières années. J’ai également introduit dans le film quelques musiques qui avaient de l’influence sur les jeunes des années 70, notamment celle de cheikh Fouad Najm.
Ces poèmes révolutionnaires influençaient les jeunes à cette époque, car ils critiquaient le pouvoir. Cheikh Najm était un musicien très connu et la nouvelle génération n’en connaît pas le talent. Ses cassettes circulaient sous le manteau partout et les jeunes répétaient ses chansons, c’est quelqu’un qui a imposé la chanson arabe. À côté de ce grand musicien, il y a aussi le groupe Nass El Ghiwane ou Jil Jilala et autres. J’ai aussi utilisé les costumes des années 70, qui sont redevenu aujourd’hui à la mode notamment les jupes, les chemises, les pantalons et les costumes…
Quel a été le budget de ce film?
Il s’agit d’un budget très limité. C’est grâce à un fonds d’aide d’un montant de 2 millions et au sponsoring qui a été tourné ce film. Malheureusement, on n’a pas eu le soutien de la télévision, celle-ci a refusé de participer à la production.
Comment évaluez-vous la production cinématographique au Maroc?
On bouge, il y a vraiment un mouvement remarquable au niveau de la production cinématographique au Maroc. La production annuelle de films a atteint 15 longs-métrages, au lieu de trois ou quatre auparavant. Il s’agit d’une production riche et diversifiée. L’industrie cinématographie au Maroc a considérablement évolué comparée à celle d’autres pays arabes. On a la quantité et même la qualité, la preuve: plusieurs réalisateurs marocains ont été primés dans les Festivals nationaux et internationaux. Je cite à titre d’exemple, le réalisateur Cherif Tribek primé au festival de cinéma africain de Khouribga pour son film «Le temps des camarades», Noureddine Lakhmari pour son film «CasaNegra » entre autres. Mais, on a un vrai problème au niveau de l’exploitation des salles de cinéma. C’est seulement grâce à la télévision que les téléspectateurs peuvent voir les films.