Culture

De toutes les couleurs : La médiocrité

© D.R

La médiocrité de manière générale, et en particulier dans l’art, est un sujet difficile à évoquer car très sensible, mais il arrive que l’actualité l’impose comme ici.
Si vous êtes marocain vous pouvez deviner que ce qui m’a inspiré ce sujet est l’état désespérant de médiocrité qu’a atteint le football national. Les responsables ont réussi l’exploit de transformer un pionnier du football continental en un misérable fantôme errant sans âme, ni ambition. Malgré les dépenses colossales engagées, les Lions de l’Atlas sont devenus de délicates petites souris sans défense !
Et ce n’est pas la première fois que la médiocrité enterre de jeunes talents à peine éclos. Le temps est l’allié du médiocre, car les gens oublient incroyablement vite. Les gens découvrent la médiocrité, crient au scandale, appellent au changement, et finissent par oublier. Certains responsables occupent plusieurs postes de lourdes responsabilités. C’est sûr que cinq énormes salaires, sans compter les autres avantages, sont alléchants, mais les humains ont des limites. On ne peut pas être efficace dans plusieurs tâches. C’est mieux d’exceller en une seule chose que d’être médiocre en plusieurs.
Dans tous les domaines, les médiocres règnent en maîtres, ils savent anesthésier le public. Le médiocre dévoilé ou rejeté renaît souvent sous une autre forme et repart de plus belle à l’assaut de nouvelles conquêtes, encore plus sûr de sa supériorité, car «le propre de la médiocrité est de se croire supérieur.» (François de La Rochefoucauld).
Au niveau d’une autorité dont les décisions touchent un grand nombre de gens, la médiocrité consiste à traiter les problèmes sérieux avec des arguments stériles et fondés uniquement sur un savoir hypothétique, car les médiocres sont sûrs de savoir, sans réellement savoir grand-chose. L’autorité médiocre pratique cette culture de la médiocrité faute d’une vision claire et d’une vraie politique.
Au niveau de l’individu qu’est l’artiste, les conséquences sont différentes car l’artiste médiocre n’engage que sa propre personne. Si son travail est médiocre, le public ne se dérangera pas pour le voir. Pour ne parler que de peinture, on est souvent tenté de ne pas retoucher une œuvre insatisfaisante de peur de la perdre. Mais l’artiste qui respecte son public ne laisse jamais une peinture dans cet état-là. Il prend le risque de la détruire en essayant de l’améliorer plutôt que d’accepter la médiocrité.
L’artiste médiocre est celui pour qui «assez bon» suffit ! C’est celui qui trouve refuge dans la standardisation et la respectabilité officielle. C’est celui qui renonce par manque d’ambition ou de courage. Mais le renoncement, c’est la victoire de la médiocrité ! «Celui qui n’a pas le goût de l’absolu se contente d’une médiocrité tranquille» (Paul Cézanne).

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