Culture

Horizon : La Chine s’enfièvre pour le huanghuali, le plus rare des bois tropicaux

© D.R

Dans une salle des ventes bondée de Pékin, un riche anonyme s’est offert récemment pour 32,2 millions de yuans (3,5 millions d’euros) un lit en bois. Un prix faramineux car ce meuble de style très simple a été fabriqué en huanghuali, la plus chère des essences exotiques. Lors de ces mêmes enchères organisées par China Guardian, une paire de fauteuils «à dossier en bonnet de lettré» a été acquise 23 millions de yuans (2,5 millions d’euros). «Le prix des meubles en huanghuali a été multiplié par 25 en 20 ans», explique à l’AFP Qiao Hao, qui a expertisé la collection dispersée samedi dernier. Le montant global des 80 lots adjugés a d’ailleurs atteint un record mondial. Cette collection nommée «Lu Ming Shi», assemblée par le Belge Philippe de Backer, avait été exposée en 2003 au musée national Guimet à Paris, suscitant le ravissement du président français Jacques Chirac féru d’art asiatique, puis à la Cité interdite à Pékin. Selon M. Qiao, il reste moins de 10.000 pièces en huanghuali dans le monde. Les plus beaux ouvrages, conçus par les ébénistes de la vallée du Bas Yangzi durant l’âge d’or du mobilier Ming (fin XVIe-début XVIIe), représentent la quintessence d’un art de vivre extrêmement raffiné. Pour les puristes, le bois de huanghuali (littéralement «fleur jaune de poirier») ne provient que de l’île tropicale chinoise de Hainan (sud), où d’ailleurs la plupart des arbres de cette essence proche du bois de rose ont été coupés. «C’est un bois d’une haute densité, avec une teneur en huile élevée qui le protège de l’humidité. Son dessin est très beau. Au toucher, il est doux comme la peau des bébés», décrit Zhong Pingyuan, spécialiste du huanghuali. «Le prix du huanghuali a commencé à bondir il y a dix ans. Rien qu’en 2006, il a triplé par rapport à 2005. Et il a augmenté de 30% de la fête du printemps (début février) à aujourd’hui», calcule-t-il. Pour Jean-Paul Desroches, conservateur en chef du musée Guimet à Paris, la passion accrue pour le huanghuali témoigne d’un «approfondissement du goût» des collectionneurs chinois, qui, après avoir privilégié l’emphase de l’univers officiel (impérial), se tournent vers «l’univers cultivé», celui des lettrés, de l’art de vivre, du retour à la nature. Wei Xiwang, vice-secrétaire de l’Association des collectionneurs de huanghuali, confirme la quasi-extinction à Hainan de cette essence. «Dans la forêt primaire, les seuls huanghuali qui restent ont le diamètre d’une bouteille de bière». La flambée des prix du huanghuali, attisée par l’explosion du nombre de millionnaires en Chine et leur désir d’acquérir tout ce qui est rare, ne concerne pas que les antiquités.

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