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Cadrage : Anarchie

Des familles entières vivent à la lisière de la capitale économique du pays dans la hantise d’une maladie mortelle et archaïque, la rage. Le calvaire de cette population est d’autant plus grand qu’un certain nombre de personnes ont été tout récemment contaminées et qu’elles n’ont trouvé aucun secours digne de ce nom auprès des services sanitaires de leur commune, ni auprès d’une quelconque structure spécialisée dans la prise en charge des victimes.
Le problème général de santé publique se pose, ici comme dans de nombreux autres cas d’affections, dans les villes comme dans les campagnes. Des centaines de milliers de personnes meurent, chaque année, faute de soins, de vaccins ou de thérapies, nécessitant souvent très peu de moyens financiers, mais surtout une organisation des services de prévention, de diagnostic, d’urgence, de transport hospitalier et de permanences médico-pharmaceutiques appropriées. Ces dispositifs sont loin d’être un luxe. Ils constituent le minimum d’équipements et de services qu’un citoyen est en droit d’attendre de sa commune, de sa préfecture et, en un mot, de son gouvernement.
Alors, le cas du quartier Lahraouiyine, dit Chichane, déjà célèbre pour toutes les formes d’anarchie dans l’aménagement et l’habitat, vient encore une fois alimenter la chronique du fait divers dramatique, qui ne constitue plus un simple détail. Il dévoile des pans entiers des misères des populations marocaines, dans une grande partie du territoire national. Avec la prolifération de la rage, le manque criant de prise en charge des victimes, la non disponibilité des vaccins anti-rabiques, la passivité des pouvoirs publics et des collectivités locales, on est de plain-pied dans l’illustration de cette irresponsabilité générale qui porte atteinte à la crédibilité et au sens civique des pouvoirs municipaux et de leur encadrement, impliqués dans des segments entiers de l’anarchie et du laisser-aller qui entraînent des catastrophes et des malheurs au quotidien.
Des quartiers qui constituent le lieu de vie pour des dizaines de milliers d’habitants et qui manquent de tous les fondamentaux hygiéniques et sanitaires. Ils croulent sous les amoncellements de déchets et d’ordures, attirant des meutes de chiens errants et d’animaux divers, comme ces villages qui voient leurs ruelles hantées, à la tombée de la nuit, par des phacochères qui viennent se sustenter à même les ordures ménagères. Lorsque les habitants ne sont bons qu’à payer toutes de sortes redevances et de taxes de plus en plus lourdes, de plus en plus nombreuses. Lorsqu’on ne pense à eux que pour leur demander, acheter ou extorquer des voix électorales. Lorsque les autorités locales censées assurer l’ordre et rappeler les uns et les autres à leurs responsabilités se complaisent dans une posture de coupable indifférence, on ne doit pas s’étonner du manque de civisme ou des comportements sauvageons des enfants et adolescents livrés de plus en plus à un environnement chaotique où l’anarchie est la seule loi qui règne.

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