Société

Mohamed Rguibi : «Au Maroc, l’obésité chez la femme est un signe de beauté»

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ALM : Selon une étude française, «l’obésité augmente le risque de problèmes sexuels». Est-ce que les résultats de cette étude sont valables dans le contexte marocain ?
Mohamed Rguibi : On ne peut pas généraliser les résultats de cette étude, chaque société a sa perception de l’image du corps. Si aujourd’hui dans les sociétés modernes, l’obésité est un symbole de paresse, d’indulgence et de manque de volonté, dans de nombreuses cultures traditionnelles l’obésité est vue comme un signe de beauté, de bonne santé et de vitalité. Aussi, dans les sociétés qui connaissent fréquemment des périodes de manque alimentaire, les femmes qui sont capables de stocker de l’énergie sous forme de matières grasses dans leur propre corps font pressentir des avantages adaptatifs et seraient plus fécondes et supporteraient mieux la grossesse et la lactation. Elles seraient donc recherchées pour leur capacité à assurer une descendance. Au Maroc, plusieurs études ont montré que l’obésité chez la femme est toujours considérée comme un signe de beauté. Ainsi, par exemple, au sud du Maroc, les filles à l’âge du mariage recourent à différentes méthodes comme la suralimentation, la sédentarité, les corticoïdes…pour gagner rapidement du poids et trouver ainsi facilement un conjoint. Donc le problème de la sexualité des femmes obèses  qui est dramatisé dans les sociétés modernes ne se pose pas, au moins actuellement, dans le contexte marocain.

Est-ce que la femme subit les effets négatifs de l’obésité plus que l’homme?
En plus du dysfonctionnement érectile causé par les maladies cardio-vasculaires (infractus, diabètes, dyslipidémie…) associées à l’obésité, il est aussi possible qu’un homme obèse ait une augmentation des œstrogènes (hormones féminines) qui vont avoir un effet négatif sur le désir et l’érection de l’homme. Aussi, deux partenaires de grandes obésités peuvent avoir des difficultés de pénétration : le volume corporel au niveau des cuisses et du ventre pouvait rendre la pénétration difficile. Par ailleurs, dans une société qui stigmatise les obèses, le regard que portent les autres sur les obèses peut compliquer ses relations avec autrui et pousse les obèses à refuser d’avoir une sexualité tant leur corps leur fait honte. Du fait de leur souci esthétique ainsi que de l’effet des médias, les femmes sont généralement les plus touchées par cet obstacle psychique et émotionnel. Une majorité de femmes (occidentales) de poids normal se voient toujours trop grosses. Elles sont à la recherche d’un corps toujours plus mince.

Est-ce qu’on peut avoir une sexualité épanouie quand on est obèse ?
Même si actuellement la taille mince est de plus en plus considérée comme l’idéal, la taille large a toujours sa place dans le contexte marocain et une majorité d’hommes préfère toujours une femme un peu corpulente. Aussi, selon l’étude française, quand elles ont un partenaire, l’activité sexuelle et le degré de satisfaction des femmes obèses sont identiques à ceux des femmes de poids normal. L’obésité est un facteur de risque de plusieurs maladies chroniques. L’éviter c’est primordial pour maintenir une vie de bonne qualité. Le maintien d’un poids du corps sain doit être une priorité de toutes personnes. En cas d’échec, un obèse pourra au moins éviter l’installation d’une maladie par l’alimentation équilibrée et surtout par une activité physique régulière. Pour une vie sexuelle saine, un obèse doit lutter contre les obstacles physique et psychologique et avant tout accepte son corps.

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