Société

Bientôt l immigration choisie au Maroc ?

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Il semblerait que le Maroc, qui a longtemps critiqué la politique migratoire française à l’égard de ses ressortissants, est sur la voie d’emprunter cette même politique. En effet, dans une déclaration très proche de celle de la droite française, le ministre de l’emploi et de la formation professionnelle, Abdelouahed Souhail, a justifié les raisons de la crise de l’emploi des jeunes au Maroc par, entre autres, «l’afflux des Subsahariens sur le Maroc et l’intérêt grandissant affiché par des ressortissants des pays du Nord pensant y trouver des niches insuffisamment exploitées». Une déclaration qui n’a pas été sans «choquer» plusieurs acteurs de la société, y compris ces étrangers visés par les propos du ministre.
Ayant pris part jeudi dernier au siège des Nations Unies à une conférence sur la crise de l’emploi des jeunes, le ministre de l’emploi, Abdelouahed Souhail a annoncé que les «flux migratoires amplifient la crise de l’emploi au Maroc et peuvent aussi influer négativement sur les réalisations des politiques publiques nationales, en les rendant inefficientes et insuffisantes pour absorber l’important flux migratoire».
Comment serait-il possible que les 10% de chômeurs au Maroc souffriraient tant de la présence des travailleurs immigrés qui ne dépassent pas le seuil des 1%?  C’est la question à laquelle Bassirou Ba, journaliste d’origine sénégalaise exerçant au Maroc, voudrait avoir une réponse. Dans une déclaration à ALM, il se dit surpris des propos du ministre dans la mesure où il serait démesuré de parler de «seuil de tolérance» quand il est question de la population subsaharienne travaillant légalement au Maroc. Selon lui, «cette population subsaharienne représente moins de 0,5 pour mille de la population marocaine totale, soit, en proportion, 20 fois moins que la population marocaine vivant à l’étranger qui, elle, se situe aux alentours de 4 millions».
Il faut savoir cependant que, historiquement, la faute est toujours amputée aux étrangers. Ce scénario qu’a vécu la France depuis l’adoption de l’immigration choisie avec le gouvernement Sarkozy depuis 2007 est en train de se faire calquer, à petits pas, au Maroc. C’est ce que constate Ferdinand Demba, un Gabonais travaillant dans la presse au Maroc. Pour lui, «ce n’est pas la première fois que les étrangers sont pris comme boucs émissaires. Ce qui est le plus affligeant c’est de constater l’absence de logique dans les propos avancés par le ministre. Comment 0,28% d’étrangers au total au Maroc peuvent faire de l’ombre à 10% de chômeurs ?» Quant à Halima Aminata, une Sénégalaise qui vit au Maroc depuis cinq ans, il est tout à fait normal que les Marocains s’inquiètent quelque peu de l’arrivée massive de Subsahariens ces dernières années. «Ce pays a le droit de réguler ses flux migratoires en fonction de ses besoins». Elle estime toutefois qu’il serait de «l’hypocrisie d’adopter des discours d’accueil aux immigrés, leur offrir des bourses qui doublent d’année en année pour qu’en fin de compte les traiter de «frein de développement du pays».  Somme toute, il suffirait de faire un retour en arrière et voir les conséquences d’une telle politique pour comprendre qu’éradiquer les maux de la société ne peut se faire au détriment d’une minorité quelconque, en l’occurrence l’étranger, pour qui il n’est déjà pas évident de ne pas jouir de tous ses droits au Maroc.

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