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Editorial : Réhabiliter la députation

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Nombre de représentants de la nation ont longtemps pensé et pensent toujours que leur statut de député les plaçait d’office au-dessus des lois. Ils peuvent de ce fait tout se permettre sans risque d’être inquiétés parce qu’ils siègent soi-disant sous la coupole. Résultat : les élections législatives sont devenues pour certains candidats un moyen pour accéder à cette précieuse immunité qui les protégerait contre d’éventuelles poursuites judiciaires. En effet, tous ceux qui se savent être susceptibles un jour en délicatesse avec la justice, soit du fait de leur activité présente ou à venir, rivalisent de corruption des électeurs à coups de millions lourds pour s’aménager une place dans l’assemblée. À côté de ceux-là, siège une catégorie qui a une autre conception de la fonction législative : un sésame pour obtenir les privilèges et passe-droit. Ces deux profils ne viennent pas au Parlement pour faire le travail pour lequel ils ont été élus. Régulièrement, la présidence du Parlement avec ses deux Chambres est saisie de procédures de levée d’immunité de certains députés. Les actes délictueux dont ils sont accusés tournent la plupart du temps autour d’affaires d’argent. Les chèques sans provision. Les intéressés mettent en avant leur statut pour escroquer les gens. Or, rarement quand la procédure de levée de l’immunité aboutit. En dehors de quelques cas qui sentent plutôt le règlement de compte politique comme celui de Mohamed Zehraoui, les députés mis en cause n’ont jamais eu à répondre de leurs actes devant la justice comme si cela relevait du “politiquement incorrect“. Cette donne est en train de changer avec l’élaboration par les députés, eux-mêmes, d’un nouveau projet de loi d’application des dispositions de l’article 39 de la Constitution précisant les cas de figure où l’immunité doit être levée. Encore faut-il que cette loi trouve le chemin de la concrétisation. Une loi de nature à réhabiliter une fonction tant décriée dont l’image a été passablement salie par une poignée d’éléments qui n’ont pas une haute idée ni d’eux-mêmes ni de leur mission. Il s’agit de responsabiliser la fonction de député tout en améliorant le niveau intellectuel de la Chambre. À ce niveau-là, le choix des candidats, les partis politiques ont une grande responsabilité dès lors qu’ils ont le devoir de présenter des éléments valables respectueux de loi et jaloux de leur réputation. Les partis ne sont-ils pas censés d’écrémer l’élite du pays qui a les qualités requises pour gérer les affaires de la nation? Un député qui trempe dans une histoire de chèques sans provisions porte atteinte non seulement à son parti mais discrédite l’ensemble de l’institution législative. Dans ces conditions, il est difficile de demander aux citoyens de faire confiance à leurs représentants. C’est le fameux “tous pourris“ qui est le maître de la situation. Il est temps de rendre au Parlement son prestige et sa noblesse.

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