La nouvelle direction ittihadie passe à la vitesse supérieure. Le premier secrétaire de l’USFP (Union socialiste des forces populaires), Driss Lachgar, s’est réuni en l’espace de quelques jours avec les dirigeants de quatre syndicats les plus représentatifs, en l’occurrence l’UMT (Union marocaine de travail), l’UGTM (Union générale des travailleurs du Maroc), la FDT (Fédération démocratique du travail) et la CDT (Confédération démocratique du travail). Si les deux dernières centrales sont connues pour leurs relations étroites avec le parti de la rose, ce sont plutôt les réunions de Lachgar avec Hamid Chabat, secrétaire général du parti de l’Istiqlal et de l’UGTM, ainsi que Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’UMT, qui ont plus capté l’attention des observateurs. Le numéro un des usfpéistes a donc réussi une belle opération en séduisant l’UMT, l’un des syndicats les plus puissants du pays. «C’est une réunion historique entre les dirigeants de notre parti et ceux de l’UMT qui vient dans le cadre de la nouvelle dynamique enclenchée par la nouvelle direction de l’USFP pour donner un nouvel élan à l’action du parti à la fois dans le champ politique et syndical», affirme Taher Abouzaid, membre de la commission administrative et l’un des hommes de confiance du premier secrétaire du parti. En dépit de ses divergences avec certaines figures usfpéistes, ce dernier veut continuer à aller de l’avant en franchissant un nouveau pallier dans l’exercice de l’opposition face au gouvernement. «Le parti a décidé d’intensifier ses efforts pour passer à un nouveau stade pour renforcer son action au sein de l’opposition et couper définitivement avec l’opposition un peu conciliante qui a prévalu depuis la formation du gouvernement actuel. Ces dernières réunions ont été importantes pour établir un contact avec les centrales syndicales et amorcer les concertations à un moment où le gouvernement prend des décisions unilatérales concernant la réforme de la compensation et l’étouffement des libertés syndicales à travers les ponctions sur les salaires des grévistes», ajoute M. Abouzaid. Et de conclure : «Nous espérons parvenir rapidement à une coordination entre l’UMT et l’UGTM ainsi que les deux autres syndicats qui coordonnent déjà leur action, à savoir la FDT et la CDT. Nous restons ouverts sur toutes les éventualités, notamment le boycott du dialogue social ou même la grève générale». Le gouvernement devra faire face à une coalition syndicale plus forte surtout après le rapprochement de l’USFP et l’UGTM. La situation est d’autant plus embarrassante qu’il s’agit d’un relais syndical d’un parti membre de la majorité gouvernementale.
A noter que depuis leur élection à la tête de leurs deux partis respectifs, Chabat et Lachgar se sont réunis pour la deuxième fois en l’espace de quelques semaines seulement. Les relations semblent au beau fixe pour les membres de la défunte Koutla (coalition formée par l’USFP, l’Istiqlal et le PPS). Dans une déclaration à l’issue de leur dernière réunion, Chabat a expliqué qu’il était impératif d’instaurer une coordination forte et solidaire entre les forces politiques et syndicales. Après les centrales syndicales, Lachgar veut s’allier à de grandes associations de la société civile. Des réunions sont prévues très bientôt.
USFP-UMT, les retrouvailles Pour Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), la visite effectuée par la nouvelle équipe dirigeante de l’USFP à Casablanca constitue un pas audacieux. «L’USFP est une composante essentielle du paysage politique avec laquelle on a eu 40 ans d’adversité», a souligné M. Moukharik, ajoutant que «cette visite intervient dans un contexte délicat qui nous impose de nous unir et d’oublier les malentendus pour défendre les classes populaires, notamment la classe ouvrière contre toute décision du gouvernement capable de porter atteinte aux conditions de vie des salariés». Selon le secrétaire général de l’UMT, «cette rencontre nous a permis d’échanger nos points de vue sur un certain nombre de données politiques, sociales et économiques. Et notre constat est le même concernant l’émiettement des forces politiques et ses conséquences sur le mouvement syndical, ainsi que la nécessité d’avoir une vision sur les grandes questions, notamment la Caisse de compensation, la réforme du système fiscal, les retraites». Toutefois, Miloudi Moukharik insiste sur le fait que ce rapprochement entre l’USFP et l’UMT n’est nullement le signe d’une quelconque perte d’indépendance de notre syndicat, ou encore d’une volonté de créer un front commun contre le gouvernement. «Notre indépendance est un principe sacro-saint et nous restons ouverts à tous les partis politiques», a-t-il martelé. Syndicats et partis, le mariage discret CDT et FDT, la fusion ? |