Les Turcs manifestent dans la rue et sur Internet. Une fois de plus, les réseaux sociaux s’affirment comme le porte-parole de la colère populaire. Des photos, des vidéos ou des témoignages de manifestants sont postés en nombre sur Twitter, Facebook ou Tumblr depuis le début des échauffourées à Istanbul, il y a une semaine. Une réalité qui ne plaît pas au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Dans une interview diffusée dimanche à la télévision turque, il a qualifié Twitter de menace. «On peut y trouver les pires mensonges», a-t-il déclaré, «selon moi, les réseaux sociaux sont la pire menace pour la société».
Ces critiques répondent à la très forte présence des manifestants turcs sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter. D’après une étude réalisée par l’université de New York, 950.000 tweets avec le hashtag #direngeziparki («Occupons le parc Gezi») ont été postés entre vendredi et samedi, au plus fort de la manifestation. Soit une moyenne de 3.000 tweets par minute.
Les Turcs utilisent Twitter pour alerter les grands médias internationaux sur la situation en cours, mais aussi pour échanger des informations. On retrouve aussi des tweets s’opposant à l’action des manifestants, moins nombreux. D’après l’université de New York, 90% des tweets géolocalisés à propos des manifestations proviennent de Turquie et particulièrement 50% d’Istanbul, où se trouve le parc Gezi. Ce taux est bien plus élevé que celui observé lors des événements du Printemps arabe: seulement 30% des tweets portant sur la révolution égyptienne provenaient d’Égypte même, le reste venant généralement de pays occidentaux. En outre, 88% des tweets sur les manifestations à Istanbul sont en turc, ce qui signifie qu’ils s’adressent davantage à un public national qu’international.