Culture

Entretien avec Idir : Chanter en berbère… Un acte de résistance !

© D.R

ALM: Vous êtes un habitué du Maroc. Vous avez donné plusieurs concerts dont le tout récent au festival Timitar. En chantant en kabyle vous ressentez-vous assez proche de votre public amazigh ?

Idir : C’est la même langue. Cela peut différer d’une région à une autre mais la base linguistique reste la même. Cela me permet de faire des ponts et sauts identitaires afin de pouvoir mieux me connaître et mieux communiquer avec mon public. Il faut savoir que la musique a toujours été en avance par rapport à la politique et au social. L’essence de la musique est émotionnelle et ça a l’effet d’un ciment qui doit consolider les liens entre les pays et les cultures qu’elles soient identiques ou différentes.

Êtes-vous de ces artistes pour qui, l’art et la politique sont indissociables?

Tu ne peux pas être artiste aujourd’hui et avoir du succès si ce n’est parce que tu as su mesurer les besoins des gens, leurs états d’âme et leurs souffrances. Dès lors que tu comprends cela, tu es déjà engagé. Chez nous, et dans mon cas, chanter en berbère ici ou ailleurs est en soi un acte de résistance parce que c’est une culture qui n’a pas encore les moyens de pouvoir s’exprimer comme mérité.

Vous avez essayé de porter cette voix amazighe au niveau international. Pensez-vous qu’il y a reconnaissance dans ce sens?

 Je fais cela parce que je ne peux faire autrement. J’espère que la reconnaissance suivra.

«Lettre à ma fille», ce texte de Grand Corps Malade, vous l’avez interprété en adressant un message fort aux parents. De quoi parle-t-il ?

C’est un message fort qui illustre l’amalgame dans lequel peuvent vivre les parents à vouloir imposer une éducation religieuse rigide à leurs enfants. Dans «Lettre à ma fille» je n’ai pas voulu insulter la religion, loin de là. Je voulais montrer un père musulman qui, des fois, met de côté sa rigidité religieuse pour dire que, en tant que musulman, j’ai un cœur que je peux ouvrir à ma fille.

Aujourd’hui, vu tous les chamboulements politiques et sociaux que nous vivons, quel sera le message que vous voudriez transmettre à la jeune génération?

Si j’ai une recommandation à faire aux jeunes, ce serait de ne pas trop céder à la facilité politique, religieuse et  sociale. Il y a des chemins qui sont beaucoup moins difficiles que d’autres mais quand on suit la voie de la vérité et de l’honnêteté, celle du  courage et du travail, on a beaucoup moins à craindre par rapport aux autres qui des fois s’engouffrent dans des choses qu’ils ne connaissent même pas, ce qui est très désolant.

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