En un clin d’œil, ils ont perdu leur emploi et ont été remplacés. 501 personnes, selon des sources syndicales, ont été limogées depuis juin dernier de la société City Bus Fès, 389 selon leur employeur.
Leur tort est de s’être trouvés au centre d’un conflit à multiples facettes opposant politiques (le PJD face à l’Istiqlal), syndicats (l’UGTM face à l’UMT) et salariés face à leur employeur, mais aussi face à la mairie de Fès. Une affaire qui a pris des proportions dangereuses, et dans laquelle un nom revient régulièrement sur toutes les lèvres: Hamid Chabat, maire de Fès, secrétaire général de l’UGTM, et secrétaire général de l’Istiqlal.
Depuis plusieurs mois, ces centaines d’employés manifestent régulièrement. Grèves, sit-in, marches de protestation… Tout est bon pour faire entendre leur voix. Quitte même à bloquer la circulation de Fès et impacter le transport urbain pendant près de 15 jours. Leurs revendications? Retrouver leur emploi et bénéficier de leurs allocations sociales, de leur couverture médicale et de la retraite dont ils versent les droits depuis 4 ans et 7 mois, période pendant laquelle le transport urbain était géré directement par la mairie.
«Tout a éclaté le 1er mai 2013, fête du travail, lorsque des salariés de la société City Bus Fès ne se sont pas rendus à Rabat pour participer au défilé organisé par l’UGTM, et à l’occasion duquel les véhicules de la société étaient massivement mobilisés.
Dès le lendemain, les consignes données étaient fermes: punir et suspendre ces «déserteurs»», telle est la version des faits relatée à ALM par Ali Elhamiani, secrétaire général du syndicat des travailleurs de City Bus Fès affilié à l’UMT. Pour rappel, la manifestation, organisée par l’UGTM le 1er mai dernier, avait marqué les esprits par la participation de centaines de milliers d’ouvriers.
Dirigée contre Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement, la démonstration de force de Hamid Chabat le 1er mai avait mobilisé, selon la presse, plus de 1.800 autocars pour ramener les manifestants de différentes régions du Maroc, et environ 20.000 participants qui avaient investi le boulevard Annasr (boulevard de la Victoire).
Pour sa part, M. Abdenbi, secrétaire général adjoint du syndicat des travailleurs de City Bus Fès (UMT), évoque, avant l’incident du 1er mai, un conflit entre syndicats: «Tous ceux qui ont quitté l’UGTM dirigée par le maire de la ville, et ont souhaité rejoindre un autre syndicat pour mieux défendre leurs intérêts, ont subi des harcèlements et ont été dégradés de leur poste», souligne ce syndicaliste qui a passé 24 ans à l’UGTM avant de changer de camp.
Mais du côté de Hamid Chabat, secrétaire général de l’Istiqlal, la vérité est tout autre. Le timing de ces manifestations à son encontre, au sein de la City Bus, n’est pas anodin puisqu’il coïncide avec la décision de l’Istiqlal de se retirer du gouvernement.
Il s’agit, selon le patron istiqlalien, d’un prolongement du conflit opposant le PJD à l’Istiqlal, lequel se serait transformé en guerre des rues à Fès, contre Hamid Chabat. Pour leur part, les dirigeants de la société de transport (voir entretien) déclarent que «les problèmes sont survenus de manière inattendue et injustifiée le 13 mai. Nous n’avons limogé ces employés qu’après avoir eu recours à tous les moyens de réconciliation possibles».













