La Cour d’appel de Casablanca a décidé, mardi, d’annuler le jugement de première instance et d’acquitter les trois journalistes d' »Aujourd’hui Le Maroc », poursuivis pour diffamation par le journaliste espagnol du quotidien « El Pais », Ignacio Cembrero. La Cour s’est, en outre, déclarée incompétente en ce qui concerne les demandes de dédommagement formulées par la partie civile.
Le directeur de la publication, Khalil Hachimi Idrissi, et les journalistes Omar Eddahbi et Abdallah Chankou étaient poursuivis pour avoir publié trois articles, entre le 30 octobre et le 1er novembre 2002, considérés par le plaignant comme étant diffamatoires à son encontre et le mettant en cause pour « espionnage et complot ».
L’agence MAP rappelle qu’en première instance, les journalistes d' »Aujourd’hui Le Maroc » avaient été condamnés, en mai dernier, à verser au journaliste espagnol 10.000 dirhams de dommages et intérêts et à une amende du même montant. La défense avait indiqué, dans ses plaidoiries, que la reconnaissance par Cembrero de ce qu’il a écrit en tant que correspondant du journal espagnol « El Pais », confirme la véracite de ce qu’a publié « Aujourd’hui Le Maroc », ce qui rend sans objet l’accusation de diffamation. La défense a fourni pour preuves de ces aveux la réponse apportée par le journaliste espagnol en réaction aux compte-rendus sur le procès, publiés par le journal « Assabah », les 4 et 8 mars, précisant que ces aveux se révèlent à travers le fait que le plaignant « n’a jamais déclaré devant la Cour que le journal «El Païs» considère l’îlot Laïla comme marocain », ni « démenti être l’auteur d’articles sur la soi-disant « révolution des officiers libres ».
La défense a soutenu que ces articles constituent une atteinte au moral des Forces Armés Royales, ajoutant qu’elle n’a pas demandé aux journalistes de révéler leurs sources, car cela est contraire à la déontologie de la profession. Elle a également demandé que ces aveux soient joints au dossier de l’affaire du fait qu’ils émanent de Cembrero lui-même, sachant qu’en cas de doute, la Cour peut convoquer le directeur du journal « Assabah » pour vérifier leur véracité. Contacté par l’AFP après l’annonce du jugement, l’avocat d’Ignacio Cembrero, Me Abderrahim Berrada, s’est, par ailleurs, dit « absolument sidéré » par cette décision de justice « aberrante », attendant de s’entretenir avec son client pour décider de la suite qu’il donnera à l’affaire.
Le journaliste espagnol a encore la possibilité de saisir la Cour de cassation ou de reprendre le procès devant une juridiction civile, a-t-on indiqué de source judiciaire.