Les députés du PPS et du PJD étaient hier les seuls au Parlement à pousser vers l’ajournement de l’adoption du règlement intérieur. Dans une réunion du bureau de la première Chambre parlementaire qui a duré plusieurs heures, les deux partis voulaient retarder l’organisation d’une séance plénière avant la clôture consacrée aux textes prêts pour l’adoption notamment du règlement intérieur de la Chambre des représentants. Encore une fois, le PPS (Parti du progrès et du socialisme) et le PJD (Parti de la justice et du développement) savaient qu’ils ne pouvaient pas compter sur le soutien de leur allié au Parlement et au gouvernement, le MP (Mouvement populaire). Contacté par ALM, Abdelkader Tatou, député MP et membre du bureau de la première Chambre parlementaire, explique que la majorité des membres du bureau sont pour l’organisation d’une plénière.
«Les membres du bureau se sont mis d’accord sur la clôture de la session parlementaire actuelle vendredi prochain. Le seul point qui faisait encore débat concerne la tenue d’une session plénière pour l’adoption des textes prêts. Le PJD et le PPS sont le seuls à œuvrer pour retarder cette plénière mais tous les autres partis sont pour sa tenue», affirme Tatou. C’est la deuxième fois en l’espace de quelques jours que le parti de l’épi vote avec l’opposition contre une proposition de ces deux alliés au sein de la majorité.
La première fois remonte à la dernière réunion de la commission chargée de l’élaboration du règlement intérieur lorsque les représentants du groupe haraki votent pour l’établissement du seuil de création d’un groupe parlementaire à 20 députés. Une disposition qui menace la pérennité du groupe parlementaire du PPS qui ne dispose que de 18 députés. Pourtant, les responsables de ce dernier affirment toujours ne pas comprendre les motivations du MP alors que les trois alliés de la majorité en plus de l’Istiqlal, leur allié de l’époque, avaient convenu de fixer le seuil à 18 parlementaires. Le PPS a tenté, après l’adoption du nouveau règlement intérieur de la première Chambre, de mener des tractations avec les dirigeants du Mouvement populaire pour s’assurer de son soutien mais les résultats de ces tractations menées par le secrétaire général du parti n’ont pas été concluants.
Déçus et surtout impuissants face à cette situation, les responsables du parti du livre parlent aujourd’hui d’une «première dangereuse dans les annales de l’institution législative». Plus loin encore, le président du groupe parlementaire du PPS à la Chambre des représentants, Rachid Roukbane, accuse des parties de cibler son parti. «Nous avons effectivement demander l’ajournement du vote concernant le règlement intérieur parce que la tradition au sein de l’institution législative veut que ce règlement fasse l’objet d’un consensus entre tous les groupes parlementaires.
Ce n’est pas une question de majorité ou de minorité mais plutôt d’approche participative», explique-t-il. Et de poursuivre : «La manière avec laquelle ce règlement intérieur a été adopté en commission représente une première dangereuse dans l’histoire du Parlement. C’est la première fois qu’un groupe parlementaire se voit confisquer le droit de présenter des amendements à un texte. Mais le plus triste dans toute cette histoire, c’est que les positions de certains partis politiques soient dictées par des calculs politiciens, une animosité ainsi qu’un comportement de vengeance loin de toute objectivité». Ainsi, la majorité ou du moins ce qui en reste après le retrait avec fracas du parti de l’Istiqlal, essuie un nouveau revers au Parlement. Ce nouvel incident vient encore une fois remettre en cause l’homogénéité au sein de cette même majorité alors que les concertations pour trouver un remplaçant à l’Istiqlal se poursuivent toujours. La formation d’une nouvelle majorité sera certainement une épreuve difficile qui pourra mettre les trois alliés encore plus en désaccord.n