La balance bouscule la lampe. Alors qu’ils en étaient membres quelques semaines auparavant seulement, les istiqlaliens se positionnent aujourd’hui comme les premiers opposants au gouvernement. Quelques jours après la dernière augmentation des prix du carburant à la pompe sous l’effet de l’indexation des prix, le parti de l’Istiqlal et son relais syndical, l’UGTM (Union générale des travailleurs du Maroc), sont les premiers à investir la rue pour exprimer leur colère. Placée sous le signe «Marche de la colère», la manifestation a été organisée dimanche à Rabat. Les manifestants ont scandé des slogans critiquant la hausse des prix qui menacerait le pouvoir d’achat des ménages.
Ils ont également exigé l’annulation du système d’indexation. Présent lors de la manifestation, Hamid Chabat, secrétaire général du PI, a déclaré que «le peuple marocain est mécontent, et très préoccupé par la hausse des prix des produits pétroliers». Il a ajouté que «cette augmentation est inutile et illégale, car c’est un gouvernement de gestion des affaires courantes». Pour Chabat qui occupe également le poste de secrétaire général de l’UGTM, la marche organisée par les instances de son parti est «une manifestation pour la dignité».
«Nous réclamons un gouvernement pour tous les Marocains, et non pas pour un seul parti politique», a-t-il conclu en référence au PJD (Parti de la justice et du développement) qui conduit le gouvernement. La manifestation a également été marquée par la participation de figures de l’USFP (Union socialiste des forces populaires). Les deux partis n’ont jamais été si proches depuis les élections législatives de 2011 où le parti de la rose avait rejoint l’opposition alors que le PI avait opté pour la participation au gouvernement. Aujourd’hui, les deux formations se trouvent dans les rangs de l’opposition.
Leurs dirigeants s’affichent désormais publiquement côte à côte. Cela a été le cas ce dimanche. En plus des figures istiqlaliennes comme Abdelillah Bekkali et Abdelkader El Kihel, Chabat avait à ses côtés Abdelmajid Bouzoubaa, secrétaire général adjoint de l’USFP, Abdelkrim Benatiq, membre du bureau politique du même parti, ainsi que Habib El Malki, président de la commission administrative de l’USFP. Ce dernier a affirmé que «l’actuel gouvernement s’est montré depuis deux ans incapable d’ouvrir des chantiers de réforme, de mettre en œuvre la nouvelle Constitution et d’élaborer un programme global de réformes».
Et de poursuivre : «L’Exécutif improvise, engage le dialogue avec lui-même et écarte les composantes de la majorité en prenant des décisions unilatérales». La présence des Usfpéistes marque probablement le début d’une coopération accrue entre les deux formations sur la scène partisane, politique et syndicale. D’ailleurs, l’USFP se prépare à son tour à descendre dans la rue contre la politique gouvernementale. En effet, le parti organisera un rassemblement le 5 octobre prochain à Rabat suite à une décision de son bureau politique. L’USFP entend associer d’autres tendances politiques et syndicales à cette manifestation. L’Istiqlal sera à coup sûr, de la fête.