Revaloriser matériellement l’effort du travail sans être amené à quitter la fonction publique. C’est cet argumentaire qui fut publiquement avancé, il y a une vingtaine d’années, par une partie du personnel médical des CHU en vue d’institutionnaliser une pratique, baptisée peu de temps après TPA (temps partiel aménagé). En termes profanes, cela veut dire tout bonnement reconnaître aux médecins des centres hospitalo-universitaires le droit à un certain nombre d’heures qu’ils peuvent exploiter pour majorer leurs rétributions.
Les pouvoirs publics étaient sensibles à leur demande. Il fallait tout juste trouver la formule à lui faire incarner et les moyens adéquats pour la mettre en oeuvre. La question qui se posait était de savoir comment répondre positivement à la requête de cette catégorie de médecins sans pour autant perturber le fonctionnement des grilles de salaires adoptées par la fonction publique. Le TPA fut alors reconnu comme solution à ce dilemme, à condition de faire évoluer les techniques de son accompagnement. Faut-il adopter le modèle français ou alors chercher une formule propre au Maroc ? Tel était la question. Le Dahir portant sur l’organisation du temps partiel aménagé avait tenté de fixer ce cadre. Il avait limité le TPA à deux demie-journées par semaine et ne permettait son exercice qu’au sein des cliniques universitaires. En voilà un autre point à examiner. La notion même de cliniques universitaires, devait être définie dans la mesure où il n’en existe pas au Maroc. Il s’agit en général de cliniques qui, outre leurs activités commerciales, assurent une fonction de formation de leurs médecins collaborateurs. Cela interpelle une autre clarification, mais cette fois relative au choix de l’unité des lieux. Ces cliniques doivent-elles être construites à l’intérieur ou à l’extérieur des CHU ? En attendant qu’une réponse claire soit apportée et que la première génération des cliniques universitaires voye le jour, les médecins enseignants ont été autorisés à profiter du TPA dans les cliniques tous genres confondus. Ils pouvaient dès lors travailler dans la limite du temps qui leur est accordé dans des cliniques privées.
Une sorte d’état d’exception qui a duré presque vingt ans et qui a mené dans une certaine mesure à des débordements aussi bien au niveau des horaires permis que des conduites à adopter. Ainsi, selon un médecin universitaire, « certains vont même jusqu’à détourner la clientèle du public vers les cliniques au sein desquelles ils sont vacataires ». Un état d’anarchie fortement critiqué et par les médecins du privé qui dénoncent la concurrence déloyale à laquelle ils doivent faire face, et par des universitaires qui réclament une urgence dans le traitement de la question de réglementation du TPA.