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Reportage: Immersion dans le souk de l’occaz’

© D.R

Il est 7h00 du matin ce dimanche au souk de Sbata à Casablanca. La ville dort encore. L’œil morne mais décidé, les premiers revendeurs et intermédiaires commencent déjà à stationner leurs véhicules. Une frénésie particulière semble gagner la place principale du marché, un emplacement de choix très disputé par les intermédiaires. «Stationner sur la place centrale de Sbata juste devant la mosquée renforce la visibilité des véhicules que l’on veut écouler», indique un vendeur.  Et d’ajouter que  «certains y auraient même élu domicile depuis la veille car dimanche est une journée importante pour le marché de l’occasion et les chalands sont encore plus nombreux que pendant le reste de la semaine». A partir de 8h30, la très convoitée place centrale du marché est archi comble. Plus un centimètre carré où stationner. Les vendeurs retardataires devront parquer leurs voitures plus loin dans les quartiers et ruelles environnantes, au grand dam des habitants du coin. Une nouvelle journée pour le marché de l’occasion commence à Casablanca.

Les marges ne sont plus aussi importantes qu’avant…

«Il y a 10 ans, les marges étaient clairement plus importantes sur chaque véhicule vendu, alors qu’aujourd’hui, la donne est en train de changer», nous explique cet intermédiaire dans le brouhaha ambiant des moteurs et au milieu du bal incessant de curieux venus admirer certains modèles. «Aujourd’hui, il faut se payer sur la quantité et proposer 3 ou 4 voitures à vendre pour pouvoir dégager un vrai bénéfice, alors qu’il y’a quelques années, on arrivait à gagner une marge importante sur un seul véhicule», ajoute-t-il. Et pour cause, la voiture au Maroc, en se démocratisant et en se popularisant, semble avoir perdu de sa superbe d’il y a 10 ans. Elle n’est plus perçue comme un attirail de luxe, mais commence à acquérir un aspect fonctionnel. Elle est davantage achetée dans un but utilitaire, de moins en moins pour l’image qu’elle renvoie de soi. Ce qui profite à la fois aux véhicules neufs bon marché et au marché de l’occasion.

Quand Internetfait de la concurrence et de l’ombre…

Avec l’explosion d’Internet, il faut dire que les sites destinés à la vente de voitures d’occasion pullulent. Pour les intermédiaires de l’occasion, Internet est une lame à double tranchant : d’une part, les sites de ventes sur Internet de voitures d’occasion représentent un terreau fertile qui leur permet d’écouler leurs véhicules et d’en acheter d’autres. D’autre part,  ces même sites sont également ouverts aux particuliers qui bradent souvent les prix et ainsi impactent rudement les marges des intermédiaires.

Deux grandes catégories de voitures d’occaz…

Le marché de l’occasion se découpe en deux grandes catégories. Les ventes de véhicules de moins d’un an sont les plus difficiles à trouver pour les intermédiaires, «et c’est normal car les gens n’achètent pas un véhicule pour le revendre quelque temps après, mais préfèrent le garder suffisamment pour l’amortir et y perdre peu en moins-value», nous explique-t-on en chœur au souk de Sbata. La deuxième grande catégorie concerne les véhicules de plus de cinq ans. Ceux-ci représentent environ 75% du marché de l’occasion, mais ils se subdivisent à leur tour en deux types : d’abord, les véhicules entre 2 et 5 ans qui ne sont vendus généralement qu’entre particuliers. Ensuite, les véhicules à partir de 5 ans qui équipent majoritairement le marché de l’occasion et le souk de Sbata.

Ces grandes boudées : Les grosses voitures essence…

«Il n’y a pratiquement plus aucune marge de bénéfice à se faire sur les grosses cylindrées essence», semblent indiquer tous les intermédiaires interrogés. Et pour cause, la récente décompensation sur le carburant qui a surtout concerné l’essence, a rendu les clients entièrement réfractaires à l’acquisition de grosses voitures roulant avec ce même carburant. Ces dernières sont devenues tout simplement invendables. De plus, l’explosion des prix de la vignette en plus de l’assurance font que ces voitures se vendent aujourd’hui à des prix dérisoires. Elles ont décoté d’au moins 80% de leur valeur en neuf. Seules quelques petites citadines essence japonaises, italiennes, françaises et allemandes, très économiques, trouvent encore leur clientèle (féminine souvent) au souk de Sbata.

L’engouement baisse pour les voitures immatriculées à l’étranger…

Face à la baisse générale des prix sur le marché de l’occasion au Maroc, et avec l’amélioration de la qualité du parc automobile au Maroc, les clients semblent peu à peu se désintéresser des voitures étrangères. On pouvait toutefois retrouver ça et là au souk de Sbata quelques grosses berlines allemandes de luxe immatriculées en Italie ou en Allemagne. Mais rares étaient leurs clients. «Aujourd’hui, nos voitures locales proposées en occasion n’ont plus rien à envier aux voitures qui viennent d’Europe. Elles ont les mêmes options et la même qualité et sont parfois mieux adaptées au climat national. De toute façon, l’explosion des prix à payer pour les dédouaner dissuade plus d’un à s’y lancer», explique un acheteur au moment de conclure son acquisition d’une Alfa Roméo immatriculée à Rabat. Aujourd’hui, les voitures étrangères trouvent leurs clients un peu plus au Sud, en Mauritanie. Le Maroc n’est plus, comme il y a quelques années, un débouché pour les voitures d’occasion qui viennent d’Europe, mais devient peu à peu une terre de transit pour celles-ci.

En 2013, le marché de l’occasion a grignoté des parts sur le neuf…

Année sans salon, chiffres pas très bons ! Tous les professionnels de l’automobile semblent confirmer en chœur ce nouvel adage pour les ventes du neuf en 2013. Et pour cause : concessionnaires et revendeurs avaient terminé l’année sortante avec près de 10.000 nouvelles immatriculations en moins par rapport à 2012. La baisse enregistrée sur toute l’année dépasserait donc les 7%. Un manque à gagner qui a été récupéré sur le marché de l’occasion. Les intermédiaires en ont  donc profité, puisque le pouvoir d’achat des ménages, surrendettés aussi, s’est amenuisé. Ces derniers ont préféré s’approvisionner en voitures d’occasion plutôt que de recourir au neuf.

Les concessionnaires de plus en plus intéressés par le créneau

Le marché de l’occasion est devenu tendance chez beaucoup de concessionnaires et d’importateurs au Maroc. Face au recul actuel des ventes du neuf, ce marché devient presque une solution alternative. Il faut dire que jusqu’ici, le système fiscal au Maroc n’était pas des plus incitatifs pour les voitures d’occasion. C’est pourquoi concessionnaires et vendeurs du neuf boudaient ce secteur pourtant prometteur au Maroc. Et pour cause: la (très!) contraignante taxe sur la valeur ajoutée rendait auparavant imposable la totalité de la valeur d’une voiture d’occasion vendue. Les derniers remaniements de la loi de Finances ont pu pallier ce problème : aujourd’hui la TVA a changé d’assiette fiscale et ne concerne plus que 20% prélevés sur le seul bénéfice tiré de la vente. Aujourd’hui, certains revendeurs comme Sopriam ou Auto Nejma l’ont fait en ouvrant des showrooms entièrement dédiés à l’occaz.

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