Elle s’était rendue chez un herboriste à Souk Jmiâa à Casablanca dans l’intention d’acheter quelques herbes médicinales. Mais lors de la conversation qu’elle avait engagée avec l’herboriste, elle lui a expliqué qu’elle était possédée par les djinns, qu’elle perdait de temps en temps connaissance, gémissait, délirait… bref qu’elle endurait un véritable calvaire. Elle n’en pouvait plus et voulait mettre fin à cette situation.
L’herboriste lui a alors remis la carte de visite d’un fkih spécialisé dans la «Roqia» (le récit de quelques versets du Coran susceptibles de chasser le djinn du corps de la personne possédée) qui demeurait à Agadir. Effectivement, elle lui a téléphoné. Au fil de la conversation, le fkih l’a sollicitée de se rendre chez lui à Agadir. En compagnie de sa voisine, cette jeune femme n’a pas hésité à prendre l’autocar. Quand elles y sont arrivées, le fkih les a chaleureusement accueillies.
Et pour la première séance, il a lu quelques versets du Coran devant les deux femmes tout en mettant sa main sur la tête de notre jeune femme. Ensuite, il lui a remis une bouteille remplie d’eau qu’elle devrait boire. En le quittant, notre jeune femme lui a versé une somme de 1.500 DH.
En retournant chez elle, à Casablanca, elle recevait à chaque fois un appel téléphonique du fkih pour, soi-disant, s’enquérir de son état de santé. Quinze jours plus tard, il lui a demandé de le rejoindre pour une deuxième séance qui lui a coûté 2.000 DH. Entre-temps, il lui a expliqué qu’elle devait voyager aux Emirats Arabes Unis pour qu’elle soit entièrement guérie. Un voyage duquel lui-même peut s’occuper si elle lui versait une somme de 40 mille dirhams.
En vendant ses bijoux en or et en empruntant par-ci par-là, elle est arrivée à amasser 30 mille dirhams qu’elle a mis ensuite entre les mains du fkih. Après avoir reçu la somme, le fkih ne répondait plus au téléphone. Une plainte a été déposée par la victime. Les enquêteurs lui ont tendu une souricière par le biais de la sœur de notre jeune femme qui est arrivée à avoir son nouveau numéro de téléphone.
Elle lui a affirmé qu’à son âge, personne ne l’a demandée en mariage. Le fkih a fixé avec elle un rendez-vous. Au quartier Talborjt, il est arrivé à bord de sa voiture, un 4×4, pour la rencontrer. Mais, il s’est retrouvé face à face avec les limiers de la police d’Agadir. Il a avoué que notre jeune femme n’était pas sa première victime, mais la énième.