Plus de 600 entrepreneurs sont venus faire leur plaidoyer pour une intégration économique maghrébine lors du 3ème Forum des entrepreneurs maghrébins tenu à Marrakech les 17 et 18 février. Au cours de deux jours il a été question de faire le tour des grands avantages mais également des défis d’une telle initiative. Résultat de ce brainstorming, la déclaration de Marrakech.
«Nous avons besoin d’une force régionale de négociation avec les grandes économies mondiales et pour cela, il y a des conditions», a fait savoir Nizar Baraka, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) lors de la cérémonie de clôture du Forum. Pour lui tout comme pour les différents intervenants lors de ces échanges, il y a lieu d’accélérer la mise en place d’un espace économique maghrébin commun. «La proximité à la fois du Moyen-Orient et de l’Europe est un atout sur lequel il est impératif de capitaliser.
S’unir en une seule force économique servirait de contrepoids devant les groupements économiques internationaux et ceci peut se faire grâce à notre complémentarité», insiste-t-il.
En effet, cette force régionale sera non seulement un moyen de négociation mais une opportunité d’expansion économique interne à chaque pays. Elle sera un catalyseur d’emploi et un moyen d’amélioration des revenus des citoyens.
Les ressources humaines et naturelles ne faisant pas défaut au même titre que l’histoire et les intérêts communs des pays du Maghreb, cette intégration serait des plus réalisables à condition que certains points soient pris en considération par les décideurs économiques et politiques surtout.
Dans le même sens, la déclaration de Marrakech qui est le fruit de plusieurs débats entre différentes forces sectorielles, a mis l’accent sur les grandes décisions sur lesquelles il faut œuvrer dès aujourd’hui pour la réussite d’une harmonisation régionale. Travailler sur les juridictions de ces pays est une étape primordiale dans l’attraction et la facilitation des investissements et pour cela, il faudrait, selon les architectes de cette initiative, «relier les marchés des pays de l’UMA et leur créer un climat juridique favorable en assurant la mobilité des personnes, des biens et des capitaux».
La prise de conscience des investisseurs maghrébins d’une vision régionale de tout projet a également été l’une des recommandations formulées au terme de ce forum. Seulement, pour y parvenir, il y a lieu de revenir sur un accord de libre-échange inter-maghrébin et de le mettre en application en procédant à la signature d’une convention dans ce sens.
A propos des investissements étrangers, la déclaration de Marrakech insiste sur l’importance de l’ouverture des marchés aux investisseurs étrangers et de leur accorder le droit d’appropriation en adoptant un principe d’égalité des prestataires dans l’ensemble de la région du Maghreb.
«Si l’on baisse les barrières, on augmente la prospérité», c’est ce que pense Sinne Backs Conan, PDG et fondatrice de Konsentio, cabinet en charge d’élaborer une stratégie du secteur privé pour l’Initiative maghrébine du commerce et de l’investissement (IMCI).
Selon elle, il faut éliminer les barrières et actualiser la convention de coopération administrative entre les différents pays. Naturellement, l’action politique doit converger avec celle économique. En attendant cela, les entrepreneurs sont appelés à mieux s’organiser et à créer un secrétariat général permanent au sein de l’UMA. Un point sur lequel la déclaration de Marrakech revient en appuyant le rôle que pourrait jouer cette union si toutefois on l’implique dans les travaux de la Commission maghrébine des directeurs généraux des douanes. A cela s’ajoutent les infrastructures et les transports, éléments dans lesquels différents pays sont appelés à investir et à harmoniser afin d’assurer les liaisons les unissant.
Il est à préciser que plusieurs axes devraient faire l’objet des prochaines décisions en faveur de cette union, mis à part l’harmonisation des systèmes bancaires et la coordination des politiques monétaires et financières, les compétences maghrébines devraient être intégrées dans ces grands chantiers et pour cela, il faudrait d’abord instaurer une reconnaissance mutuelle des diplômes entre les pays de l’UMA.