Politique

Interdits de manifestation: Chabat et l’UGTM préparent la riposte

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De sérieuses menaces pèsent sur la suite présumée du dialogue social. Annoncée récemment par les services du chef de gouvernement en signe de bonne volonté, voire, selon certains avis, en acte de contrition politique, la reprise des discussions entre le gouvernement et ses partenaires sociaux est en train de tourner court. En s’opposant à la volonté de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) – syndicat proche du parti de l’Istiqlal (PI)-, d’entreprendre une marche nationale dans la capitale hier, dimanche, les autorités ont, selon les organisateurs, condamné toute sortie éventuelle de crise. Néanmoins et pour  l’essentiel, cette dernière était déjà dans l’air depuis que dans un communiqué fleuve dans lequel ils ont énuméré par le menu leurs griefs contre l’Exécutif, trois des grands syndicats ont dit leur intention de descendre dans la rue.
 

Le 11 février en effet, l’Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT) et la Fédération démocratique du travail (FDT) ont adressé un mémorandum au chef de gouvernement lui reprochant de rester sourd à leurs demandes de reprise du dialogue social, «unique outil pour la recherche d’une solution concertée à la crise actuelle».
 

Selon ce document, la situation économique et sociale se dégrade à si vive allure que ses effets néfastes, «qui pourtant semblent n’épargner aucun groupe social, affectent plus sévèrement les travailleurs». De surcroît, les syndicats accusent le gouvernement de rogner les libertés syndicales, de fermer des unités de production, de transgresser les règles du code du travail et de violer les principes et les conventions internationaux.
 

Les trois centrales qui ont aussi reproché au  gouvernement de travailler «dans le secret» à limiter le droit de grève et qui ont rappelé au chef de gouvernement ses promesses de respecter l’accord du 26 avril 2011, lui ont adressé un certain nombre de demandes urgentes relatives aux libertés syndicales, à la révision de la grille des salaires, à la généralisation de la protection sociale et au renforcement des législations et des conventions sociales. Ils lui ont également demandé de revenir sur la décision d’amputer les salaires des travailleurs grévistes des journées de débrayage.
 

Du fait que ce document «au ton ferme» est resté sans réponse de la part du gouvernement, les cercles politiques appréhendaient la réaction des syndicats signataires. En particulier depuis que certaines sources ont laissé entendre que les centrales envisageaient de manifester dans la rue pour amener Abdelilah Benkirane à composition. Cependant, ce ne sont pas l’UMT, la CDT et la FDT qui ont créé l’événement cette fin de semaine, mais l’UGTM.

Interdite de manifestation dimanche, l’organisation syndicale naguère pilotée par l’actuel secrétaire général du PI et sur laquelle on le dit avoir encore de l’ascendant, s’est dite prête à relever le gant. Dans un communiqué rendu public à Rabat peu de temps après l’interdiction de la «manifestation nationale de dimanche», le syndicat a critiqué l’interdiction qu’il a qualifiée d’atteinte flagrante à la liberté syndicale et a dit sa volonté de continuer le programme des manifestations et des revendications élaboré par le conseil du syndicat lors de sa session extraordinaire du 1er février 2014.
 

Jugeant que ces manifestations sont une réponse à «l’absence de dialogue social et à la paupérisation des masses laborieuses», le communiqué a dit la volonté de ce syndicat de continuer à militer pour plus d’équité et de justice. Dans cette perspective, il a adressé à sa base «dans toutes les régions du Royaume», un mot d’ordre l’invitant à se tenir prête «à organiser de nouvelles marches et de nouvelles grèves».
 

Selon des commentateurs, l’interdiction faite à la marche de l’UGTM a été pour une large part dictée par l’épisode dit des «ânes de Chabat». L’année dernière, peu après avoir claqué la porte du gouvernement dont sa formation a été l’une des principales composantes, le secrétaire général du PI avait fait défiler des baudets dans une marche de protestation organisée à Rabat.

Le PJD d’Abdelilah Benkirane en a pris prétexte pour affirmer que ce comportement a nui à l’action politique nationale et à l’image du Maroc.

 

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