Culture

Roman : « Un joli chat blanc marche derrière moi » de Youssef Fadel

© D.R

C’est une excellente traduction française du roman de Youssef Fadel. C’est l’histoire haut en couleurs de Balloute. Un habitué de la place Jamaa Lfna, à Marrakech. Le bonhomme, qui un talent certain de conteur, travaille dans le palais du roi. C’est là qu’il va découvrir les rouages  de la cour, les mesquineries des uns et des autres et les bassesses des courtisans. Le pouvoir n’a plus de secret pour lui. Il comprend alors l’injustice, la tyrannie, la soumission et compare son destin de fou du roi à celui des autres sujets qui ne savent rien de ce qui se passe dans les couloirs du pouvoir.

On apprend très vite que Balloute a quitté le domicile conjugal alors que son fils Hassan était encore enfant. La vie en a décidé ainsi. Plus jamais le père et le fils ne vont se revoir. De l’eau coule sous les ponts. Chacun mène son existence en tentant d’oublier l’autre. Mais le fils finira enrôlé dans l’armée. Il ira au Sahara. Il attendra la guerre et fera l’expérience d’un ennemi dont il ne connaît pas le  visage dans une attente qui ressemble très fort au Désert des Tartares de Dino Buzzati. C’est là qu’il revit toute le despotisme qu’il a connu enfant. Les souvenirs reviennent, tout s’emmêle dans la tête d’un homme qui réalise que la société est gangrénée, que le ver est dans la pomme et que le salut est improbable.

Youssef Fadel en fin conteur, nous fait vaciller au fil des contes. Celui du père, celui du fils, de l’un à l’autre dans une langue relevée, belle et imagée. C’est d’ailleurs le propre de Youssef Fadel dont l’écriture relève davantage du cinéma et du scénario, avec ces univers colorés,  ces situations humaines tellement bien décrites qu’elles sont vivantes comme dans un film que l’on suit au fil des pages. D’ailleurs, Youssef Fadel, scénariste connu, vient de boucler en tant que metteur en scène son premier film. C’est dire que le rapprochement entre l’écrivain et le cinéaste est très fort dans l’écriture de l’auteur.

Chez Youssef Fadel, l’autre point important à relever dans ce roman, intitulé malicieusement : «Un joli chat blanc marche derrière moi» est l’humour noir. C’est là une constante chez l’écrivain. Tout passe au crible de son ironie grinçante. La politique, les années de plomb, les rêves brisés, la misère, mais tout est gai, joyeux, drôle, dans une approche de la narration, où les images du dialecte marocain donne de la force à ce récit, bien traduit en français. « Un joli chat blanc marche derrière moi » qui a été suivi par un autre roman qui porte un titre tout aussi imagé (Un oiseau rare qui vole a mes côtés) installe Youssef Fadel comme l’une des valeurs sûres de la littérature marocaine moderne.

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