Economie

Benkhadra : «Un forage positif ne veut pas dire découverte économique»

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Il suffit de la moindre crise géopolitique pour que le prix des produits énergétique, conventionnels ou non, flambe. Le Maroc étant largement dépendant en matière d’énergie, il vise à travers sa politique mettre en place un mix énergétique lui permettant d’assurer un minimum de sécurité d’approvisionnement.

Lors d’un débat organisé le 2 juillet 2014 par l’Association marocaine des ingénieurs des mines (AMIM), la directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) s’est prononcée sur le potentiel du Maroc en gaz et en pétrole.

Les prix des produits énergétiques subissent des fluctuations lors de tout événement géopolitique au niveau de la planète. Malgré la place grandissante qu’on donne mondialement aux énergies renouvelables et qui représenteront jusqu’à 7% dans le mix énergétique en 2030, les énergies fossiles demeurent importantes dans les années à venir. C’est en tout cas ce qu’a expliqué la directrice générale de l’ONHYM lors d’une rencontre avec les différents acteurs concernés par la question énergétique. Selon Amina Benkhadra, les besoins énergétiques vont évoluer de 40% d’ici 2030, chose qui fera que la pression va continuer à s’exacerber sur ces énergies. «Si on peut donner une plus grande accélération aux énergies renouvelables ce ne pourra être que bénéfique mais en même temps toutes les sources sont les bienvenues pour assurer la sécurité d’approvisionnement», déclare-t-elle.

Le Maroc s’est engagé, il y a à peu près 15 ans, dans une dynamique d’évolution et de réformes économiques avec les différents plans sectoriels. Une évolution qui s’est accompagnée d’une gourmandise énergétique importante. En effet, le Royaume consomme 19 millions de tonnes d’équivalent pétrole (TEP) par an. Sa dépendance des ressources étrangères affecte sa facture énergétique qui, selon Benkhadra, est assez lourde. «Notre facture énergétique annuelle avoisine les 100 milliards de dirhams. L’Etat a procédé dernièrement à une politique de décompensation pour l’alléger mais cela demeure insuffisant».

Il est à noter dans ce sens que le Maroc importe 96% de ses besoins. Lesquels besoins vont doubler en 2020 et tripler en 2030. «Face à ces besoins notre stratégie est basée sur un mix energétique le plus ouvert possible. La place est donnée à toutes les sources d’énergie», précise la même source. Dans ce mix, la place du gaz naturel sera renforcée et passera de 7 à 14%. Quant à l’introduction du gaz naturel liquéfié, elle se fera en 2019 pour le premier client qui est l’Office national d’électricité et quelques années plus tard pour les industriels.

Pour accompagner cette évolution, des projets d’infrastructures sont en cours. Les plus importants seraient le port de Safi dont les travaux ont été lancés l’année dernière et le port de Nador, «Nador west Med». Ce dernier, à l’image du port Tanger Med, représente une infrastructure extrêmement importante. Elle va ouvrir des opportunités de positionnement géopolitique sur la Méditerranée et constitue un port de stockage énergétique pour les compagnies pétrolières ainsi que pour les Etats producteurs.

Ce port sera probablement un centre d’approvisionnement de charbon grâce à la proximité des centrales de la ville de Jerada.  
En matière de forage, le Maroc n’attirait pas suffisamment d’investisseurs dans le passé à cause du retard de l’adoption d’un code spécifique aux hydrocarbures. Une donne qui a changé depuis l’année 2000 laquelle a connu une accélération de l’activité avec la promulgation dudit code et qui fait du Maroc l’un des pays où le rendement est le meilleur en termes d’exploration. Benkhadra affirme dans ce sens que l’ONHYM a connu un niveau d’investissement beaucoup plus important que ce qui a pu se passer durant les 30 années passées. Malgré cela, il y a lieu de noter que le territoire marocain reste sous-exploré avec un taux de forage de 0,04 puits / 100 km2 alors que le ratio mondial est de 10.

«Les forages ont abouti dans certaines régions à des découvertes modestes», déclare-t-elle tout en mettant le point sur la permanence du risque dans ce domaine. «On fait des évaluations en disant un potentiel mais ceci ne veut pas dire découverte ni réserve. Il faut attendre de passer par toutes les étapes. Même si un premier forage est positif, il faut faire d’autres forages, des tests et des forages d’appréciation avant de se prononcer sur une découverte économique», explique Amina Benkhadra.

«A ce jour on a mis à l’évidence plus de 800 prospects sur les bassins onshore et offshore mais qui n’ont encore pas été testés. Le Maroc dispose d’un certain nombre de régions à fort potentiel en gaz de schiste mais nous ne sommes pas du tout encore au processus de forage». Si forage positif il y a, il va falloir néanmoins adapter le code des hydrocarbures pour être opérationnel car son exploitation exige des conditions différentes de celle du pétrole et du gaz naturel.

Dépendance énergétique : Les EnR, principal remède

Les énergies renouvelables, particulièrement le solaire, sont les principales alternatives à adopter. La surconsommation des énergies renouvelables conjuguée au poids de la facture énergétique mène à une réflexion approfondie convergeant vers une vision rentable et économique. En effet, la note du Maroc en termes d’énergie ne fait que s’alourdir.

La facture énergétique flambe d’un mois à l’autre accentuant la dépendance du Maroc en la matière. 32,64 milliards DH, telle est la facture énergétique. Les importations enregistrées dans ce sens se sont fixées à 34,45 milliards DH représentant ainsi près de 25,5 % du total des importations du Maroc. Les matières importées restent principalement le gasoil-fuel ayant coûté au Maroc une valeur de 11,825 milliards DH, le pétrole brut pour une valeur de 11,55 milliards DH ainsi que le gaz de pétrole et autres hydrocarbures pour 7,36 milliards DH. Face à cette note salée, les exportations, quant à elles, se sont soldées à 1,8 milliard DH à fin avril.

Elles se composent principalement d’huiles de pétrole et lubrifiants pour une valeur de 1,63 milliard DH, le gasoil-fuel pour 128,6 millions DH et les paraffines et autres produits pour 43,6 millions DH. Les énergies nettes se sont également inscrites en hausse. Elles se sont élevées à fin avril à 10.438,9 gigawatts-heure (Gwh), contre 9.879 Gwh un an auparavant, soit une amélioration de 5,9 %.

 

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