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Les présidences d’université contestées

Polémique autour de la procédure ayant abouti au choix des présidents d’université. Certains mettent en cause les critères de sélection adoptés par les membres de chaque commission dans l’évaluation des différents candidats. D’autres se félicitent par contre de cette procédure qui rompt avec le système de cooptation et de désignation qui a prévalu jusqu’ici.
Une chose est sûre : ce qui a ajouté au trouble et nourri davantage la confusion c’est que 5 présidents d’universités (El Jadida, Agadir, Oujda, Fès, El Quarawiyine) ne furent pas nommés. Seuls 9 l’ont été et reçus par S.M le Roi. Or, aucun responsable, à commencer par le ministère de l’Enseignement supérieur, n’a pris la peine d’expliquer les tenants et les aboutissants de cette affaire. Degré zéro de la communication. Tout se passe comme si on voulait par la désinvolture cacher quelque chose de grave. Du coup, les spéculations et les rumeurs ont pris le dessus dans une ambiance de black out suspect. Déjà, le processus qui a débouché sur la nomination des heureux élus n’a pas recueilli l’unanimité de certains milieux universitaires qui expliquent que l’esprit de la charte sur l’enseignement a été dévoyé par de vieux réflexes… L’épisode du groupe des 5, on l’imagine aisément, conforte plus que jamais les contestataires dans leurs critiques avec des commentaires triomphants, style : « voyez-vous, on vous l’a dit, cette affaire de commission n’est pas tout à fait claire, la preuve 5 présidents d’universités sont passés à l’as…“. D’autres observateurs se sont basés sur le profil de certains présidents engagés politiquement pour arguer que les considérations partisanes ont joué dans le pourvoi des responsabilités.
Des questions fusent de partout : que va advenir maintenant des 5 présidents ? Les trois candidats proposés pour chaque poste à pourvoir ne répondent-ils pas aux profils souhaités ? Auquel cas, c’est le choix des commissions concernées, censées avoir fait leur travail de manière impartiale et transparente, qui est ainsi mis en cause. Rien d’officiel, mais à tendre l’oreille, on apprend qu’on se prépare déjà pour le lancement d’un nouvel appel à candidature, le premier étant apparemment infructueux. “À y regarder de plus près, la plupart des présidents nommés sont d’anciens doyens“, note un enseignant universitaire avec l’air de dire que ce sont les mêmes qui reviennent. Un autre relativise ce jugement : “ Les responsables des commissions de sélection se sont montrés prudents en privilégiant l’expérience“. Peut-être oui, peut-être non…
Pour les 14 postes à pourvoir correspondent 14 commissions. Chacune est constituée de deux académiciens, d’un enseignant choisi parmi trois noms par le ministre de tutelle, un autre enseignant issu d’une autre université choisi par le même ministre et un opérateur économique de la région.
Les différents candidats, après avoir présenté leur dossier, passent un entretien devant cette instance indépendante. “Ceux qui ont des chances d’être retenus doivent convaincre leurs interlocuteurs de la pertinence de leur vision de l’université en relation avec son environnement régional“, déclare un membre d’une commission.
Les candidats malheureux trouveront toujours le moyen de contester les résultats finaux et même le choix par le ministre de ses représentants dans chaque commission. Car nombre de postulants sont des membres de partis de la majorité comme le RNI, l’USFP, le PPS ou le FFD… À Oujda par exemple, les trois candidats proposés, sans affiliation politique connue, sont Mohamed Laâmiri, doyen de la faculté de lettres suivi du vice-doyen de la faculté des sciences et d’un autre du nom de M. Boukhari. Ici, la surprise est réelle. On va même jusqu’à se demander si cette liste a été présentée… Qu’est ce qui sous-tend ce qu’il faut désormais appeler l’affaire des 5 présidents non nommés ? C’est la question qui se pose avec acuité.
Autre question découlant de la première : Est-ce-à-dire qu’un un air de consensus politico-scientifique a flotté dans l’ambiance des 9 commissions chargés des 9 universités et non pas dans les 5 autres sujettes, elles, à caution ?
En tout cas, dans son discours du 16 avril 2002 à l’occasion de la nomination des 9 présidents d’université, S.M le Roi n’a pas manqué de souligner la nécessité de “mettre en place un système efficient d’évaluation globale, régulière et indépendante de notre système éducatif“. Un message clair et sans équivoque…

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