Société

La grande détresse des femmes enceintes

Vendredi 12 avril. Mme Sassa Tijania, 31 ans et mère de deux filles, se dirige à pied à la nouvelle maternité d’Azrou pour accouchement. Juste après son arrivée, elle informe son mari qui l’accompagnait. «Je vais subir une césarienne. Ne t’inquiète pas, c’est plus facile qu’un accouchement normal», lui dit-elle. Mais l’opération tourne au drame à la suite d’une panne de l’appareil à oxygène. «Elle était en bonne forme, dynamique aussi et aucun signe extérieur d’inquiétude ne traversait son visage tout souriant et jovial» se souvient, les larmes aux yeux, son mari A.Ijja, un MRE de France. Mme Sassa est décédée sur la table des opérations. Que s’est-il passé au juste? «au début, nous avons cru que la césarienne a échoué, ce qui pourrait arriver à des milliers de femmes», nous explique un proche de la défunte. Et d’ajouter que «c’est après que nous avons appris que Mme Sassa est décédée, et le bébé avec, avant même d’être opérée».
Scandalisé et choqué, son mari qui a déjà perdu sa première femme, ne sait à quel saint se vouer. Il crie alors haut et fort son indignation contre le black-out qui entoure le décès de son épouse. Et il a fallu des jours après le drame pour connaître, enfin, la version officielle des faits. Pour les responsables de l’hôpital 20 Août d’Azrou, contacté aussi par ALM, Mme Sassa serait décédée «sur la table opératoire avant de commencer la césarienne et juste après induction suite à une défaillance au niveau du respirateur» ; ce qui se traduit, selon toujours la même source, par la «non oxygénation de la parturiente qui fut sous anesthésie générale». Autrement dit, le tuyau qui devrait alimenter le corps de la défunte par l’oxygène fut tout simplement bouché. Scandaleux et méprisant.
Depuis ses révélations, c’est le branle-bas à l’hôpital d’Azrou. Et les cris d’indignations fusent de partout. Tout le monde s’en mêle aussi : un collectif d’associations de soutien est en cours de constitution. Mercredi après-midi le gouverneur de la province d’Ifrane s’est déplacé à la maternité pour «enquêter personnellement sur le drame» et d’autres enquêteurs du ministère de la Santé, selon des sources proches de cet établissement sanitaire, sont attendus dans les jours qui viennent. La famille de la défunte envisage également de porter plainte. Mais au-delà, un torrent d’interrogations meuble actuellement les discussions de l’opinion publique locale. Notamment en ce qui concerne la qualité des mesures de sécurité dans la maternité. Et les questions de s’imposer d’elles mêmes: qu’en est -il des autres méthodes manuelles d’oxygénation ? comment expliquer aussi le fait qu’on procède à des opérations chirurgicales sans la présence d’un réanimateur ou d’un cardiologue ? à quoi sert des établissements sanitaires équipés mais sans le personnel suffisant et qualifié ? autant de questions qui attendent des réponses. A rappeler qu’au début de l’année, une enseignante en cours d’accouchement a trouvé la mort dans des conditions similaires ou presque. Cette affaire a fait d’ailleurs le tour du Maroc en son temps. Mais il semble qu’on en a pas tiré les enseignements nécessaires. En tout cas, devant la succession des drames dans cette maternité l’inquiétude des femmes enceintes est compréhensible.
Puisque d’aucuns ont peur de se présenter debout à la maternité et d’en ressortir les pieds devant dans une civière.

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