Culture

Exposition d’Ahmed Zaibi à la Galerie Matisse de Marrakech : L’humain en équation

© D.R

Pour cet artiste-peintre tunisien qui travaille et vit depuis 32 ans à Lucerne en Suisse, le monde est couleur, sous-tendue par des formes multiples qu’il faut savoir lire dans leurs sinuosités les plus improbables. Ahmed Zaibi, d’abord avec ses aquarelles et ses gravures, a tenté de créer un univers pour y poser ses interrogations, essayer du mieux qu’il pouvait de répondre à quelques-unes en laissant toujours en suspens d’autres. Aujourd’hui, il expose au Maroc, une œuvre plus dense, plus centrée sur la couleur et la forme, dans un jeu de pistes abstrait qui en dit long sur les cheminements de l’artiste.

On s’en souvient, dans les années 90, ses gravures à l’aiguille qui atteignaient pour certaines plus d’un mètre carré, avaient assuré à Ahmed Zaibi une notoriété et surtout le respect de la critique qui voyait déjà en lui, en un artiste complet, avec une réelle quête de sens, à travers de nombreuses expérimentations. Chaque gravure racontait une histoire, comme dans un roman, où l’on compile des histoires, des anecdotes, du vécu pour en transfigurer les multiples signifiances. Une fois cette page tournée, c’est la toile et la peinture à l’huile qui ont pris le dessus. On passe d’un matériau à l’autre, mais les grandes questions existentielles sont toujours aussi âpres.

Entre rouge, jaune et bleu, avec des formes qui sont autant de sentiers internes de l’artiste lui-même, Ahmed Zaibi livre une vision du monde entre fracas, densité, chaos et recherche de clarté. Il scrute la couleur, tord les formes dans tous les sens, modèle et remodèle les lignes pour donner corps à des pistes de lectures d’un vécu, d’un passé, d’un avenir toujours de plus en plus éloigné et incertain. Ahmed Zaibi, dans cette exposition chez Matisse Art Gallery, va au-delà de ce qui est donné à voir pour une possible vision des à-côtés d’une œuvre, tout ce qui demeure non-dit, ce champ de possibilités qu’il faut savoir trouver pour en faire une approche personnelle. Travail sur l’humain, sur ses précarités, sur son besoin d’aller au-delà de lui-même, l’œuvre d’Ahmed Zaibi n’obéit qu’à une ligne directrice, qui est celle d’être au plus près de soi. Un cercle, une ligne droite, condensés de noir, cette juxtaposition de plusieurs coloris, dans l’unique but de trouver son propre épicentre. C’est dans ce sens qu’il faut approcher ce travail comme une clef de lecture de l’humain en nous, dans sa fuite, sa fragilité la plus criarde.
 

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